STEGNER : Vue cavalière (1976, 2011)

Ce qu’ils en disent…

« Cet homme, alors qu’arrivent les premiers maux de l’âge, retrouve un carnet intime qui parle d’un certain voyage entrepris des années plus tôt au Danemark ; un voyage qui le fit rencontrer une femme, aristocrate de la parentèle de Karen Blixen, étrange et désargentée, belle, séduisante, connue et pourtant totalement seule. Peut-on, le temps une fois passé, revoir avec des yeux totalement neufs une vie que l’on croyait connaître ? Que disent ces mots retrouvés sur l’homme qu’il pensait avoir été ?… »

[LIBREL.BE] Chagrin, mécontent de sa vie, de son pays, de sa civilisation, de son métier, de lui-même. Il s’est toujours cherché dans des endroits où il n’a jamais été. Cet homme, alors qu’arrivent les premiers maux de l’âge, retrouve un carnet intime qui parle d’un certain voyage entrepris des années plus tôt au Danemark ; un voyage qui le fit rencontrer une femme, aristocrate de la parentèle de Karen Blixen, étrange et désargentée, belle, séduisante, connue et pourtant totalement seule. Peut-on, le temps une fois passé, revoir avec des yeux totalement neufs une vie que l’on croyait connaître ? Que disent ces mots retrouvés sur l’homme qu’il pensait avoir été ?

Un chef-d’oeuvre !

Michel Polac


STEGNER Wallace (1909-1993), Vue cavalière est paru chez Phébus (collection Libretto) en 1998 puis chez Gallmeister (collection Totem) en 2023, dans une traduction d’Eric Chedaille.

EN (US) > FR

EAN 9782351788141

336 pages

Disponible en ePub et poche.


Ce que nous en disons…

J’ai rarement rencontré de miroir plus pertinent des états d’âmes propres à mon âge. Vivifiant ! S’il est quelque part une virilité pudiquement révélée, c’est dans ces romans de STEGNER…

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

… Joe Allston a toujours été plein de soi, incertain, chagrin, mécontent de sa vie, de son pays, de sa civilisation, de son métier, de lui-même. Il s’est toujours cherché dans des endroits où il n’a jamais été…


L’auteur

© Leo Holub

[GALLMEISTER.FR] Wallace Stegner est né le 18 février 1909 à Lake Mills, dans l’Iowa. Romancier, nouvelliste, historien, professeur et militant écologiste, celui qu’on appelle souvent le « doyen des écrivains de l’Ouest » (« Dean of Western Writers ») s’est imposé aussi bien à travers ses textes de fiction que ses essais.

Pendant son enfance, il vit notamment à Great Falls, dans le Montana, puis à Eastend dans le Saskatchewan (Canada). De manière générale, il déménage beaucoup à travers les États de l’Ouest américain – il dit plus tard avoir vécu « à vingt endroits, dans huit États et au Canada ». Il passe cependant la plupart de ses étés plus à l’est : à Greensboro, dans le Vermont.

Il étudie d’abord à l’université d’Utah, où il obtient un Bachelor of Arts, puis fait son master et son doctorat à l’université d’Iowa. Une fois diplômé, il enseigne dans plusieurs universités, dont l’université du Wisconsin et Harvard, avant de créer un département de creative writing à Stanford, qu’il dirige de 1945 à 1972. On compte parmi ses élèves Larry McMurtry, Edward Abbey, Raymond Carver et Thomas McGuane.

C’est en 1937 qu’il publie son premier roman, Remembering Laughter. Il est suivi par trois autres, puis, en 1943, Wallace Stegner rencontre son premier succès critique et populaire avec La Montagne en sucre (The Big Rock Candy Mountain). Parmi ses romans les plus notables, on peut notamment citer The Preacher and the Slave (1950 – plus tard rebaptisé Joe Hill : A Biographical Novel), A Shooting Star (1961), L’Envers du Temps (Recapitulation – 1961), et En lieu sûr (Crossing to Safety – 1987).

Acclamé par la critique, Wallace Stegner est couronné par le Prix Pulitzer de la fiction en 1972 pour Angle of Repose (1971) et par le National Book Award en 1977 pour The Spectator Bird (1976).

Il s’est aussi consacré à des essais, abordant des sujets très variés. On trouve notamment, parmi ses textes de non-fiction, deux histoires de l’implantation des Mormons dans l’Utah, une biographie de l’explorateur et naturaliste John Wesley Powell, ainsi qu’une histoire des débuts de l’exploitation pétrolière au Moyen-Orient. Engagé en faveur de l’environnement, il a co-fondé, en 1962, le Commitee for Green Foothills, une organisation non-gouvernementale qui agit au niveau local pour protéger les « collines, forêts, baies, marécages et zones côtières » de la péninsule de San Francisco. Le recueil Lettres pour le monde sauvage (2015) réunit douze de ses textes consacrés à des réflexions sur l’environnement et la nature.

Wallace Stegner décède le 13 avril 1993 des suites d’un accident de voiture à Santa Fe, au Nouveau-Mexique.

Pour en savoir plus, le site officiel de l’auteur : wallacestegner.org…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources mentionnées dans le texte | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © sjquinney.utah.edu ; © Leo Holub.


Lire encore en Wallonie-Bruxelles…

OULITSKAÏA : Sonietchka (1996)

Ce qu’ils en disent…

[GALLIMARD.FR] Depuis toujours, Sonia puise son bonheur dans la lecture et la solitude. C’est dans une bibliothèque que, à sa grande surprise, Robert, un peintre plus âgé qu’elle, qui a beaucoup voyagé en Europe et connu les camps, la demande en mariage. Avec Robert et, bientôt, leur fille Tania, Sonia n’est plus seule, elle lit moins, mais, malgré les difficultés matérielles de l’après-guerre, elle cultive toujours le même bonheur limpide, très légèrement distant et ironique. Des années plus tard, Tania introduit à la maison son amie polonaise Jasia, fille de déportés, mythomane, fantasque, aussi jolie que Tania est laide, et goûtant, comme elle, aux jeux amoureux. Jasia devient la maîtresse de Robert. Malgré son chagrin, Sonia est toujours heureuse. Robert meurt. Tania et Jasia s’en vont à leur tour, Sonia se retrouve seule, ells se remet à lire. Elle irradie toujours du même bonheur résolument paisible et mystérieux…


OULITSKAÏA Ludmila, Sonietchka est paru chez Gallimard en 1996, dans une traduction de Sophie Benech. Il est disponible en Folio depuis 1998.

RU > FR

EAN 9782070404261

120 pages

Disponible en poche.


Ce que nous en disons…

Ecriture sobre mais séduisante de clarté. Personnages attachants mais que de gueules cassées ! L’histoire se déroule sans accrocs alors que les faits rapportés en affoleraient plus d’un (lecteurs compris). Qu’à cela ne tienne, la constance de Sonia lisse une vie généreuse, à côté de laquelle d’autres seraient passées. Reste le mystère de Sonia : une telle lectrice peut-elle avoir une autre représentation du monde que celle des romans qu’elle dévore ? La lecture est-elle source d’aveuglement ou petite musique de vie ?

Patrick Thonart


Bonnes feuilles

Quant à l’âme imperturbable de Sonietchka, enrobée dans son cocon de milliers de livres lus, bercée par le grondement et la fumée des mythes grecs, par la stridence hypnotique des flûtes moyenâgeuses, l’angoisse venteuse et brumeuse d’Ibsen, la pesanteur détaillée de Balzac, la musique astrale de Dante et le chant de sirène des voix pointues de Rilke et de Novalis, envoûtée par le désespoir moralisateur que les grands écrivains russes pointent vers le coeur même du ciel…

 

Sonia avait fait sur son mari une découverte épouvantable : il n’appréciait pas du tout la littérature russe, il la trouvait nue, tendancieuse et insupportablement moralisatrice. Il ne faisait qu’une exception, bien à contrecoeur : Pouchkine…


L’auteurE

Ludmila Oulitskaïa est née en 1943, dans l’Oural. Elle a grandi à Moscou et fait des études de biologie à l’université. Auteur de nombreuses pièces de théâtre et scénarios de films, depuis le début des années 1980, elle se consacre exclusivement à la littérature. Ses premiers récits ont paru à Moscou, dans des revues. Ses livres ont été traduits, en français, aux éditions Gallimard. Son roman « Sonietchka » a reçu le prix Médicis Étranger, en 1996. Elle a deux fils et vit actuellement à Moscou, avec son mari, le sculpteur Andreï Krassouline.


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © AFP – Joël Saget ; © gallimard.fr.


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STEGNER : La vie obstinée (2002)

Ce qu’ils en disent…

[GALLMEISTER.FR] « En ces bouillonnantes années 1960, la jeunesse américaine se berce d’illusions et d’utopies. Joe Allston, agent littéraire à la retraite, regarde cette époque agitée avec ironie : revenu de tout, il regrette de n’avoir pas su créer avec son fils désormais décédé la relation qu’il aurait voulue. Seule l’affection que sa femme Ruth et lui portent à un jeune couple du voisinage les rattache encore au monde extérieur. Leur existence confortable et routinière va se voir chamboulée par l’installation d’une colonie de hippies à proximité. Entre indulgence et exaspération, les Allston vont se retrouver confrontés à une jeunesse qu’ils ne comprennent guère. »

[BABELIO.COM] « Pour certains, La Vie obstinée est bien le chef-d’œuvre de Wallace Stegner, qui obtint le prix Pulitzer en 1972 pour Angle d’équilibre. On y retrouve Joe Allston, croisé dans Vue cavalière, toujours aussi incertain, mécontent de sa vie, de sa civilisation comme de son métier et qui se cherche avec élégance, en des endroits où il n’est jamais allé. Cet insatisfait chronique s’est installé en pleine nature non loin de San Francisco pour y couler, avec sa femme, ce qu’il croit être des jours heureux…
Ce n’est pas pour rien que les romanciers de l’école du Montana, Jim Harrison en tête, considèrent Stegner comme la figure centrale de leur courant littéraire nourri des grands espaces de l’Ouest. »

Un roman d’une intensité crépitante.

NEW YORK TIMES BOOK REVIEW

À la fois ancré dans notre époque et intemporel.

CHICAGO TRIBUNE

Gatsby le magnifique saisit les années 1920 tout en les transcendant. La Vie obstinée est une réussite du même ordre pour les années 1960.

VIRGINIA QUARTERLY REVIEW

La Vie obstinée commence comme une comédie sur le choc des cultures et des générations, mais Stegner y mêle une dimension plus sombre qui en fait un roman mélancolique et poignant sur la famille, l’échec et la réussite, ainsi que sur le rapport de l’homme à la nature.

l’opinion


EAN 9782351788134

STEGNER Wallace (1909-1993), La vie obstinée est paru chez Gallmeister en 2002, dans une traduction d’Eric Chedaille. La version anglaise originale, All the Little Live Things était parue en 1967.

EN (US) > FR

EAN 9782351788134

448 pages

Disponible en grand format, ePub et poche.


Ce que nous en disons…

J’ai rarement rencontré de miroir plus pertinent des états d’âmes propres à mon âge. Vivifiant ! S’il est quelque part une virilité pudiquement révélée, c’est dans ces romans de STEGNER…

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

De plus en plus d’adultes deviendront des voyous, des criminels, et iront grossir les rangs de ceux qui n’ont rien. C’est chez eux que nos démagogues et nos romanciers tendront à aller puiser leurs valeurs, leur vision du monde et leur jargon. Dans un premier temps, on contribue à faire naître ces sous-cultures et ensuite, par un phénomène de culpabilité et de compassion, on les épouse.
— Alors là, je vous arrête !
— Pas question. N’oubliez pas : vous êtes tout ouïe. Donc, c’est par pitié qu’on s’y conforme, et c’est du fait de cette pitié que le processus fait boule de neige. Toute civilisation florissante comporte des perdants – une des raisons de son succès est qu’elle sait distinguer ses perdants de ses héros. Nous avons renoncé aux héros – ils en tiennent pour la réussite. Nous nous retrouvons donc avec de plus en plus de perdants, que nous imitons parce que nous n’avons pas le cœur à les débarquer tout à fait. Vous m’écoutez toujours ?
— Pas sans tiquer.
— Je sais. Vous êtes une personne compatissante.


L’auteur

© Leo Holub

[GALLMEISTER.FR] Wallace Stegner est né le 18 février 1909 à Lake Mills, dans l’Iowa. Romancier, nouvelliste, historien, professeur et militant écologiste, celui qu’on appelle souvent le « doyen des écrivains de l’Ouest » (« Dean of Western Writers ») s’est imposé aussi bien à travers ses textes de fiction que ses essais.

Pendant son enfance, il vit notamment à Great Falls, dans le Montana, puis à Eastend dans le Saskatchewan (Canada). De manière générale, il déménage beaucoup à travers les États de l’Ouest américain – il dit plus tard avoir vécu « à vingt endroits, dans huit États et au Canada ». Il passe cependant la plupart de ses étés plus à l’est : à Greensboro, dans le Vermont.

Il étudie d’abord à l’université d’Utah, où il obtient un Bachelor of Arts, puis fait son master et son doctorat à l’université d’Iowa. Une fois diplômé, il enseigne dans plusieurs universités, dont l’université du Wisconsin et Harvard, avant de créer un département de creative writing à Stanford, qu’il dirige de 1945 à 1972. On compte parmi ses élèves Larry McMurtry, Edward Abbey, Raymond Carver et Thomas McGuane.

C’est en 1937 qu’il publie son premier roman, Remembering Laughter. Il est suivi par trois autres, puis, en 1943, Wallace Stegner rencontre son premier succès critique et populaire avec La Montagne en sucre (The Big Rock Candy Mountain). Parmi ses romans les plus notables, on peut notamment citer The Preacher and the Slave (1950 – plus tard rebaptisé Joe Hill : A Biographical Novel), A Shooting Star (1961), L’Envers du Temps (Recapitulation – 1961), et En lieu sûr (Crossing to Safety – 1987).

Acclamé par la critique, Wallace Stegner est couronné par le Prix Pulitzer de la fiction en 1972 pour Angle of Repose (1971) et par le National Book Award en 1977 pour The Spectator Bird (1976).

Il s’est aussi consacré à des essais, abordant des sujets très variés. On trouve notamment, parmi ses textes de non-fiction, deux histoires de l’implantation des Mormons dans l’Utah, une biographie de l’explorateur et naturaliste John Wesley Powell, ainsi qu’une histoire des débuts de l’exploitation pétrolière au Moyen-Orient. Engagé en faveur de l’environnement, il a co-fondé, en 1962, le Commitee for Green Foothills, une organisation non-gouvernementale qui agit au niveau local pour protéger les « collines, forêts, baies, marécages et zones côtières » de la péninsule de San Francisco. Le recueil Lettres pour le monde sauvage (2015) réunit douze de ses textes consacrés à des réflexions sur l’environnement et la nature.

Wallace Stegner décède le 13 avril 1993 des suites d’un accident de voiture à Santa Fe, au Nouveau-Mexique.

Pour en savoir plus, le site officiel de l’auteur : wallacestegner.org…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources mentionnées dans le texte | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © sjquinney.utah.edu ; © Leo Holub.


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BRADBURY : Sauvage (2019)

Ce qu’ils en disent…

[LIBREL.BE] À dix-sept ans, Tracy sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités enneigées de l’Alaska. Amoureuse de la nature sauvage, elle possède un secret : un don hors norme, hérité de sa mère, qui la relie de façon unique aux animaux, mais peut-être aussi aux humains. Sa vie bascule le jour où un inconnu l’attaque en pleine forêt, puis disparaît. Quand Tracy reprend connaissance, couverte de sang, elle est persuadée d’avoir tué son agresseur. Ce lourd secret la hante jour et nuit, et lorsqu’un jeune homme à la recherche de travail frappe à leur porte, Tracy sent émerger en elle quelque chose de sauvage…


EAN 9782351787540

BRADBURY Jamey, Sauvage est paru en 2019 chez Gallmeister, Coll. Totem, dans une traduction de Jacques Mailhos.

EN (US) > FR

EAN9782351787540

326 pages

Disponible en grand format, ePub, livre audio et en poche.


Ce que nous en disons…

Il fut un temps où écrire « Femmes qui courent avec les loups » était une nécessité, car elles étaient nombreuses, celles qui avaient oublié leur héritage de sang et de puissance, leur connaissance intime de la rivière sous la rivière. Du coup, la psychanalyste et conteuse Clarissa Pincola Estés s’était fendue en 1996 d’un ouvrage fort utile, compilant 20 ans de recherche dans près de 500 pages, truffées de contes intrigants pour les femmes de l’époque, de légendes nées de la forêt ou du désert qu’elle connaît bien (elle est Mestiza Latina : métisse née d’un couple amérindien / hispano-mexicain), d’histoires collectées dans le monde entier et de rappels flamboyants à cette nature instinctive de la Femme que bien des couches de civilisation et d’oppression, voire… d’autocensure, ont hélas recouverte.

Il y a eu un avant, il y a eu un après

Après l’après (qui restait encore un temps où l’engagement pour la libération de la femme était d’actualité), il y a eu des jeunes auteures, fortes du combat de leurs mères (quelquefois accompagné par leurs pères, d’ailleurs), qui avaient intégré dans leur écriture cette puissance de la femme, où celle-ci n’était plus une question à débattre et illustrer mais, déjà, un ressort naturel de la narration. Sauvage (Paris, Gallmeister, 2019) est un de ces livres rafraîchissants, postérieurs (ou étrangers) à ces combats, un roman d’après-guerre… des sexes.

Rafraîchissant‘ est par contre le pire terme pour évoquer ce roman initiatique, irrésistible de suspense et de densité sombre. Ainsi l’éditeur Gallmeister : « À dix-sept ans, Tracy Petrikoff possède un don inné pour la chasse et les pièges. Elle vit à l’écart du reste du monde et sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités sauvages de l’Alaska. Immuablement, elle respecte les trois règles que sa mère, trop tôt disparue, lui a dictées : «ne jamais perdre la maison de vue», «ne jamais rentrer avec les mains sales» et surtout «ne jamais faire saigner un humain». Jusqu’au jour où, attaquée en pleine forêt, Tracy reprend connaissance, couverte de sang, persuadée d’avoir tué son agresseur. Elle s’interdit de l’avouer à son père, et ce lourd secret la hante jour et nuit. Une ambiance de doute et d’angoisse s’installe dans la famille, tandis que Tracy prend peu à peu conscience de ses propres facultés hors du commun.« 

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

« Vous avez beau vieillir, quel que soit l’âge que vous atteignez, vos parents l’auront atteint avant vous, seront déjà passés par là, et ça a quelque chose de réconfortant. Comme un sentier que vous ne connaissez pas, dans la forêt, sur lequel il y aurait des traces de pas qui vous diraient que quelqu’un l’a déjà emprunté. Jusqu’au jour où vous arrivez à l’endroit où ces traces s’arrêtent… »


L’auteure…

Comme l’écrit son éditeur Gallmeister : “Jamey Bradbury est née en 1979 dans le Midwest et vit en Alaska depuis quinze ans. Elle a été réceptionniste, actrice, secouriste et bénévole à la Croix Rouge. Elle partage aujourd’hui son temps entre l’écriture et l’engagement auprès des services sociaux qui soutiennent les peuples natifs de l’Alaska. Sauvage est son premier roman.


En savoir plus…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be ; Gallmeister | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, Brooke Taylor.


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TOKARCZUK : Sur les ossements des morts (2020)

Ce qu’ils en disent…

[LIBREL.BE] Janina Doucheyko vit seule dans un petit hameau au cœur des Sudètes. Ingénieure à la retraite, elle se passionne pour la nature, l’astrologie et l’oeuvre du poète et peintre William Blake. Un matin, elle retrouve un voisin mort dans sa cuisine, étouffé par un petit os. C’est le début d’une série de crimes mystérieux sur les lieux desquels on retrouve des traces animales. La police mène l’enquête. Les victimes avaient toutes pour point commun une passion dévorante pour la chasse…


TOKARCZUK Olga, Sur les ossements des morts est paru chez Phébus Libretto en 2020, dans une traduction de Margot Carlier.

PL > FR

EAN 9782369145714

288 pages

Disponible en grand format, ePub et poche.


Bonnes feuilles…

Je suis à présent à un âge et dans un état de santé tel que je devrais penser à me laver soigneusement les pieds avant d’aller me coucher, au cas où une ambulance viendrait me chercher en pleine nuit.


L’auteur.e…

[BNF.FR] Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature 2018. Largement reconnue non seulement dans sa Pologne natale mais aussi à l’étranger, l’écrivaine Olga Tokarczuk est lauréate du prix Nobel de littérature, décerné en 2019 au titre de l’année 2018. Cette haute distinction s’ajoute à un palmarès impressionnant qui englobe Niké, le plus prestigieux prix littéraire polonais, qui lui a été attribué à deux reprises (2008 et 2015), et The Man Booker International Prize (2018). L’Académie suédoise a su reconnaître “une imagination narrative qui, avec une passion encyclopédique, symbolise le dépassement des frontières comme forme de vie.” Olga Tokarczuk rejoint ainsi quatre auteurs polonais nobélisés : Henryk Sienkiewicz (1905), Władysław Reymont (1924), Czesław Miłosz (1980) et Wisława Szymborska (1996).


En savoir plus…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be ; BNF.FR | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © DR.


Lire encore en Wallonie-Bruxelles…

WAGAMESE : Les étoiles s’éteignent à l’aube (2017)

Ce qu’ils en disent…

[LIBREL.BE] Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d’alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l’accompagner jusqu’à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S’ensuit un rude voyage à travers l’arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. Eldon raconte à Frank les moments sombres de sa vie aussi bien que les périodes de joie et d’espoir, et lui parle des sacrifices qu’il a concédés au nom de l’amour. Il fait ainsi découvrir à son fils un monde que le garçon n’avait jamais vu, une histoire qu’il n’avait jamais entendue.


WAGAMESE Richard, Les étoiles s’éteignent à l’aube est paru chez Medicine Walk en 2014. Il a été traduit par Christine Raguet-Bouvert et est disponible en Zoe Poche depuis 2024.

EN (CA) > FR

EAN 9782264069702

308 pages

Disponible en grand format et poche


Ce que nous en disons…

Il est des lectures saines ou exaltantes que l’on commente volontiers autour d’un verre ou d’une table de bistrot. Peut-être se voudra-t-on plus intelligente, plus séduisant, plus imposante aussi, aux yeux de l’autre, des autres, ou, au contraire, plus sincère avec l’ami ou la copine. On échangera sur la force d’un texte, l’harmonie ressentie ou la sagesse de certains passages. Partager la découverte, s’en prévaloir : dans tous les cas, on passera par les mots, voire les discours. Du bruit, souvent.

Il y a également des livres rares qui sont suivis par un silence, un calme entièrement écrit sur la page blanche qui suit le mot ‘FIN’, la seule page que l’on emmènera avec soi et sur laquelle on pourra écrire à quatre mains, avec l’auteur, à l’encre d’une gratitude naturelle, cette gratitude qui fait circuler le sang quand au détour d’un chemin, un cerf apparaît, royal, qu’on n’espérait plus…

Le roman de Richard WAGAMESE (1955-2017), Les étoiles s’éteignent à l’aube (Medecine Walk, 2014) s’apparente à ceux-là : ces livres que l’on prête sans commentaire, que l’on offre avec la main sur l’épaule du proche que l’on aime ou… qu’on laisse traîner dans la bibliothèque des toilettes, dans l’espoir qu’un autre fasse la découverte.

Étonnamment, Starlight (posthume, 2018) ne recrée pas la magie initiatique du premier volet, Medecine Walk. Présenté comme un roman sylvothérapeutique par les critiques du Monde, il a été reconstitué par l’éditeur canadien de Wagamese après son décès en 2017. Si le roman était déjà bien avancé et l’entourage de Wagamese éclairé sur les intentions de l’auteur, ce sont des passages d’autres romans courts (des novellas où il fait intervenir les mêmes personnages) qui ont permis de boucler la copie, notamment pour la fin de l’histoire. Richard Wagamese avait par ailleurs indiqué qu’il voulait clôturer le texte sur la phrase : « Puis ils commencèrent à courir« .

Si la beauté simple du premier volet, Les étoiles s’éteignent à l’aube, se traduisait en phrases directes prononcées par des personnages rugueux dans les scènes urbaines, ou en évocations sobres de la puissance naturelle dans les passages plus sylvestres (qu’elle s’exprime dans la face d’un ours en colère ou dans le mouvement furtif d’une biche), elle est mise à mal dans Starlight, où s’installe la volonté d’expliquer, d’illustrer par des exemples (et, peut-être, de préparer un scénario de cinéma vendable). On passe de l’initiation rude mais sans violence de Medecine Walk, à une version didactisée et prévisible de l’école de vie que propose un Franklin Starlight trop lisse et monolithique. Le découpage même des différentes scènes sent le futur montage cinéma. Ceci, sans compter avec les fautes de traduction présentes dans les deux volumes (j’ai rarement vu un cow-boy imbibé employer le même vocabulaire que la comtesse de Ségur…).

Bref, si vous voulez lire Wagamese, peut-être devriez-vous commencer par Les étoiles s’éteignent à l’aube. Mais si vous voulez ne plus lire qu’un auteur avant de mourir, peut-être devriez-vous commencer par Wagamese

Patrick Thonart


Bonnes feuilles

« Pour le garçon, le vrai monde c’était un espace de liberté calme et ouvert, avant qu’il apprenne à l’appeler prévisible et reconnaissable. Pour lui, c’était oublier écoles, règles, distractions et être capable de se concentrer, d’apprendre et de voir. Dire qu’il l’aimait, c’était alors un mot qui le dépassait, mais il finit par en éprouver la sensation. C’était ouvrir les yeux sur un petit matin brumeux d’été pour voir le soleil comme une tache orange pâle au-dessus de la dentelure des arbres et avoir le goût d’une pluie imminente dans la bouche, sentir l’odeur du Camp Coffee, des cordes, de la poudre et des chevaux. C’était sentir la terre sous son dos quand il dormait et cette chaleureuse promesse humide qui s’élevait de tout. C’était sentir tes poils se hérisser lentement à l’arrière de ton cou quand un ours se trouvait à quelques mètres dans les bois et avoir un nœud dans la gorge quand un aigle fusait soudain d’un arbre. C’était aussi la sensation de l’eau qui jaillit d’une source de montagne. Aspergée sur ton visage comme un éclair glacé. Le vieil homme lui avait fait découvrir tout cela… »


L’auteur…

[en rédaction]



[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be ; zoe éditions | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Zoe.


DESPRET : Au bonheur des morts (2015)

Ce qu’ils en disent…

[EDITIONSLADECOUVERTE.FR] Faire son deuil, c’est l’impératif qui s’impose à tous ceux qui se trouvent confrontés au décès d’un proche. Mais se débarrasser de ses morts est-il un idéal indépassable auquel nul ne saurait échapper s’il ne veut pas trop souffrir ? Vinciane Despret a commencé par écouter. « Je disais : je mène une enquête sur la manière dont les morts entrent dans la vie des vivants ; je travaille sur l’inventivité des morts et des vivants dans leurs relations. » Une histoire en a amené une autre. « J’ai une amie qui porte les chaussures de sa grand-mère afin qu’elle continue à arpenter le monde. Une autre est partie gravir une des montagnes les plus hautes avec les cendres de son père pour partager avec lui les plus beaux levers de soleil. À l’anniversaire de son épouse défunte, un de mes proches prépare le plat qu’elle préférait, etc. » L’auteure s’est laissé instruire par les manières d’être qu’explorent les morts et les vivants, ensemble ; elle a appris de la façon dont les vivants qu’elle a croisés se rendent capables d’accueillir la présence des défunts. Chemin faisant, elle montre comment échapper au dilemme entre « cela relève de l’imagination » et « c’est tout simplement vrai et réel. » Depuis un certain temps les morts s’étaient faits discrets, perdant toute visibilité. Aujourd’hui, il se pourrait que les choses changent et que les morts deviennent plus actifs. Ils réclament, proposent leur aide, soutiennent ou consolent… Ils le font avec tendresse, souvent avec humour. On dit trop rarement à quel point certains morts peuvent nous rendre heureux !

  • PRIX DES RENCONTRES PHILOSOPHIQUES DE MONACO 2016
  • PRIX DE L’ACADEMIE ROYALE DE LANGUE ET DE LITTERATURE FRANÇAISES DE BELGIQUE 2019

DESPRET Vinciane, Au bonheur des morts ; récits de ceux qui restent est paru chez La Découverte en 2015. Il est disponible en format poche depuis 2017.

FR

EAN 9782707194084

222 pages

Ce que nous en disons…

[en rédaction]

Patrick Thonart

Bonnes feuilles…

[en construction]

L’auteur…

Vinciane Despret (née en 1959) est philosophe, chercheuse au département de philosophie de l’université de Liège. Elle est l’auteure de plusieurs livres sur la question animale qui font référence, notamment Bêtes et hommes (Gallimard, 2007) et Penser comme un rat (Quae, 2009). Elle a également publié, avec Isabelle Stengers, Les Faiseuses d’histoires. Que font les femmes à la pensée ? (La Découverte, 2011) et Que diraient les animaux… si on leur posait les bonnes questions ? (Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2012,2014).

 

[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © ***.

SORMAN : La peau de l’ours (2014)

Ce qu’ils en disent…

[4e de couverture] Le narrateur, hybride monstrueux né de l’accouplement d’une femme avec un ours, raconte sa vie malheureuse. Ayant progressivement abandonné tout trait humain pour prendre l’apparence d’une bête, il est vendu à un montreur d’ours puis à un organisateur de combats d’animaux, traverse l’océan pour intégrer la ménagerie d’un cirque où il se lie avec d’autres créatures extraordinaires, avant de faire une rencontre décisive dans la fosse d’un zoo. Ce roman en forme de conte, qui explore l’inquiétante frontière entre humanité et bestialité, nous convie à un singulier voyage dans la peau d’un ours. Une manière de dérégler nos sens et de porter un regard neuf et troublant sur le monde des hommes.


SORMAN Joy, La peau de l’ours est paru chez Gallimard en 2014. Il est disponible en Folio depuis 2016.

FR

EAN 9782070468195

178 pages

Ce que nous en disons…

Inutile de lire La peau de l’ours. J’dis ça, j’dis rien, mais c’est un livre de plus à abandonner sur la tablette du train, surtout maintenant qu’il est sorti en format poche (le livre). Tout commence bien pourtant, comme dans un conte (dont le style n’est pas trop mal singé). Mais Joy Sorman (née en 1973), toute contente de son idée initiale (mettre en regard humanité et animalité dans la même peau, celle d’un bâtard homme-ours qui, malgré lui, est soumis à un voyage qui devrait être initiatique), n’arrive pas tenir la longueur et la pauvre bête qui se voit offrir le rôle-titre n’est rapidement plus qu’un ours savant qui réfléchit… un peu.

Au fil des pages et malgré les promesses de la quatrième de couverture (reproduite ci-dessus), on se dit que les Aventures de Babar étaient plus trépidantes. La magie du conte, assez efficace dans les premières pages, est aussi rapidement étouffée et remplacée, comme par dépit, par une narration assez linéaire où le découpage en chapitre est le seul vrai rythme, là où on attendait une succession de passages initiatiques que le sujet aurait permis (on tenait enfin un premier Bildungsroman plantigrade ; au moins le deuxième, si on considère Winnie the Pooh).

Dans un domaine où la géniale orfèvre Siri HUSTVEDT offre à tous les hommes (en d’autres termes, les ‘gender-disabled short-sighted humans‘) la possibilité d’entrevoir la douloureuse renaissance d’une femme blessée, vue par une femme (Un été sans les hommes, 2013), l’espoir était grand de voir une romancière explorer une des grandes ambivalences viriles : raison vs. sauvagerie.

Ah ! Quelle est l’auteuse qui arrivera à mettre en oeuvre la finesse acérée de sa plume (In Memoriam Virginia W.) pour décrire cette sensation d’avoir “les épaules à l’étroit dans un costume trois-pièces” ?

Pour l’aider, quelques questions prolégoméniques : Proust péterait-il dans son marais, pendant le bain matutinal ? Shrek s’essuierait-il la bouche après s’être enfourné un demi-kilo de madeleines ?

Dieu me tripote ! Desproges aurait précisé qu’il s’essuyait toujours la bouche après avoir pété dans son bain. Mais c’est une autre histoire…​​

Patrick Thonart

Bonnes feuilles…

 

[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : gallimard.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Gallimard.

BAKKER : Parce que les fleurs sont blanches (2020)

Ce qu’ils en disent…

[GRASSET.FR] Gerard élève seul ses trois garçons depuis que leur mère les a quittés sans laisser d’adresse, se contentant d’envoyer des cartes postales depuis l’Italie pour les anniversaires et Noël. Klaas et Kees, les jumeaux de seize ans et leur petit frère Gerson –sans oublier le chien, Daan– vivent néanmoins dans une maisonnée plutôt joyeuse où Gerard s’efforce de faire bonne figure.
Un dimanche matin ordinaire où ils sont invités chez les grands-parents, leur vie bascule. Sur une route de campagne traversant des vergers où fleurissent des arbres fruitiers, une voiture s’encastre dans celle de Gerard, le choc est violent. Si les jumeaux et le père s’en tirent avec des blessures légères, il en sera tout autrement pour Gerson. Il est plongé dans le coma et au réveil, il comprend qu’il a perdu la vue. Aidé par Harald, infirmier dévoué, l’adolescent tente d’apprivoiser sa nouvelle vie, alors que les jumeaux et leur père essaient également de faire face, mais le retour à la maison est douloureux malgré le soutien de Jan et Anna, les grands-parents des enfants. Gerson s’enferme dans sa douleur et sa colère, refuse d’accepter toute aide et de se projeter dans un quelconque avenir. Plus personne ne sait comment le soutenir. Gerard presse son fils de prendre des décisions quant à son futur, sans résultat. Lorsque l’été arrive, tous savent que les choses ne pourront pas continuer ainsi à la rentrée. Le séjour prévu dans la paisible maison des grands-parents au bord d’un lac apparaît alors à tous comme la possibilité d’un nouveau départ…

Gerbrand Bakker est un maître incontesté dans l’art de saisir l’essentiel avec peu de mots. Son écriture impressionne par sa concision, sa justesse et surtout, par l’absence absolue de tout pathos. Racontée pour l’essentiel par ses frères, l’histoire de ce jeune garçon qui ne parvient pas à accepter de vivre dans le noir n’en devient que plus déchirante.


[FOLIO-LESITE.FR] « Nous étions quatre hommes hilares dans une vieille guimbarde. En route vers quelque part. Le soleil brillait, c’était dimanche matin, tout allait bien. Un peu plus loin, il y avait un carrefour. Nous riions encore lorsqu’une voiture a percuté la nôtre.« 

Gerson, treize ans, et ses frères jumeaux forment une fratrie heureuse. Depuis que leur mère est partie sans laisser d’adresse, leur père les couve et tente de faire bonne figure. Jusqu’à l’accident de voiture qui plonge Gerson dans le coma. Entouré de ses proches et de son chien qui ne perdent pas espoir, l’adolescent entend peu à peu la vie reprendre autour de lui. Mais lorsqu’il ouvre les yeux, il découvre qu’il est aveugle. Parce que les fleurs sont blanches est l’histoire bouleversante d’un garçon qui refuse de vivre dans le noir, et d’une famille unie que ce drame changera à jamais.


[RTBF.BE, Musiq3, 3 février 2020] Les deux précédents romans de Gerbrand BAKKER ont paru chez Gallimard et celui-ci est sorti chez Grasset. Gerbrand Bakker est fils de fermier et est né dans une famille de sept enfants. Après son premier roman Là-haut tout est calme qui déjà se penchait sur les liens entre père et fils dans un milieu rural, il nous raconte avec une belle justesse dans Parce que les fleurs sont blanches les rapports contrariés entre fidélité et/ou obligation de mettre ses pas dans ceux du père, et ce besoin aussi de prendre le large, de trahir les espoirs qu’on a forgés pour vous inventer différemment.

Un titre assez énigmatique…

Parce que les fleurs sont blanches” : cette phrase est prononcée par l’un des trois frères du roman. La dernière image que ce dernier a vue, avant un accident de voiture qui lui a coûté la vue, est des poiriers en fleurs au bord de la route. Les fleurs de pommiers sont roses, il l’affirme.

C’est donc à un drame que nous assistons, un jeune garçon de 13 ans, le plus beau des trois, avec ses yeux verts, le plus délié aussi, le plus hâbleur, vit sous le regard des deux autres, des jumeaux. Et ce sont eux, dont les voix se mêlent, qui nous racontent cet été tragique.

Ce qui est remarquable dans ce roman, c’est la manière dont il est construit. Gerbrand Bakker se met à l’écoute des voix de ces adolescents, de la complicité des jumeaux, de la jalousie du cadet et puis du renversement qui s’opère après l’accident. C’est à une véritable polyphonie que le lecteur assiste, mais dans laquelle les silences, les intérieurs de tête, les rebuffades, les gestes tendres de garçons maladroits sont d’une éloquence rare.

Développement d’un langage différent

Après l’accident de leur frère, les jumeaux sont obligés de développer un langage différent, ils sont peu habitués à se toucher, et même à parler, à mettre des mots sur leurs émotions, or ils vont devoir le faire pour guider leur jeune frère. Et l’auteur, fait de même, c’est comme s’il nous menait dans le noir, à tâtons vers la découverte du vent sur la peau, du soleil sur les paupières, de toute une gamme de sensations qui parlent à la place de ce qui ne peut être vu. La nature, la vivacité affectueuse d’un petit chien qui prend part au récit lui aussi, forment comme une sorte de nid où déposer le chagrin et la stupéfaction.

L’histoire nous est racontée a posteriori, avec une onde de retard qui en amortit le choc, et cela confère à cette tragédie une étonnante douceur. Il devrait y avoir de la colère, des larmes mais ne reste, par-dessus le désarroi, que le souvenir des jeux, les bravades de ces garçons dans leur dernier été d’insouciance. Et le fait que toutes les voix alternent pour raconter cette histoire, ajoute une sonorité à cette écriture.

Une nouvelle tonalité dans ce roman

Dans les deux précédents romans, il y avait une âpreté, le poids de vies empêchées déjà, mais avec solitude, amertume et des ruptures libératoires mais définitives. En revanche la campagne, les animaux accompagnaient déjà les personnages, pas comme simple décor, mais comme un écho à leur liberté ou leur résignation. Gerbrand Bakker écrit aussi pour les adolescents et on le comprend d’autant mieux avec ce roman-ci qui est au plus près des émotions de jeunes gens au seuil de l’âge adulte, entre l’ennui douillet de l’enfance, les corvées, le jardin secret, et puis l’angoisse de devoir grandir, partir, choisir ou renoncer.

C’est un roman déchirant mais il y a une telle pudeur, un tel amour dans ces pages, que le drame recule, s’enfonce dans la mémoire du lecteur, qui ne conservera peut-être que la lumière qui traverse farouchement les ténèbres de cette histoire, pleine, à la fois de chagrin et de rires de garçons.

Sophie Creutz, Musiq3

BAKKER Gerbrand, Parce que les fleurs sont blanches est paru chez Grasset dans une traduction de Françoise Antoine (Paris : Grasset, 2020).

NL > FR

EAN 9782072966651

224 pages

Ce que nous en disons…

[en cours de rédaction]

Bonnes feuilles…

 

[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, édition, correction et iconographie | sources : grasset.fr ; rtbf.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Grasset.

PLUVIAUD : Discours de la méthode maçonnique (2011)

Ce qu’ils en disent…

[LIBREL.BE] A la différence des nombreux ouvrages consacrés à l’histoire ou à la symbolique de la franc-maçonnerie, Discours de la méthode maçonnique est un véritable « mode d’emploi » de la méthode maçonnique. A l’usage du grand public comme des francs-maçons, Jean-François Pluviaud explique de manière claire et rigoureuse le pourquoi et le comment de cette suite d’exercices spirituels que sont la pratique des rituels et l’interprétation des mythes et des symboles. Dépouillé de tout un vocabulaire ésotérique, qui, souvent encombre les ouvrages de franc-maçonnerie, l’ouvrage fait apparaître la franc-maçonnerie pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une véritable école de l’éveil, une méthode d’accroissement de la conscience et de la lucidité en même temps qu’une école du savoir-vivre, dans la grande tradition des écoles philosophiques de l’Antiquité.


ISBN : 978-2-85829-675-0

PLUVIAUD Jean-François, Discours de la méthode maçonnique est paru chez VEGA (Guy Trédaniel) en 2011.

FR

EAN 9782858296750

204 pages

Epuisé

 


Bonnes feuilles…

« Le rite est l’épine dorsale du système mais, pour une bonne perception du phénomène maçonnique dans son ensemble, et dans le paysage français en particulier, il faut l’examiner dans la réalité de sa pratique, c’est-à-dire à travers les différentes sensibilités selon lesquelles il se manifeste.

Dans un chapitre précédent, j’ai expliqué l’existence de différents rites par la réponse que chacun apporte au comment de la différence humaine. Le faisant, j’ai distingué trois types de réponses, la réponse théiste (Dieu), la réponse déiste (un principe) et la réponse laïque (la raison) : ce sont ces trois réponses qui vont déterminer les trois grandes familles de rites…” :


L’auteur…

PLUVIAUD, Jean-François (né en 1930)


En savoir plus…


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