Ce qu’ils en disent…
[GALLIMARD.FR] Dans un quartier populaire de Naples appelé Montedidio, littéralement « la montagne de Dieu », un garçon de treize ans décide d’abandonner l’école pour entamer un apprentissage chez un menuisier, mast’Errico. Dans son atelier, il fait la connaissance de Rafaniello, un cordonnier juif rescapé de la Shoah doté d’une grande sagesse, avec lequel il se lie d’amitié. Confronté à la dureté du monde des adultes, le jeune garçon rêve secrètement de s’envoler loin de Montedidio. Cloué au sol, il réussit malgré tout à s’évader à travers l’écriture : il couche sur le papier ses joies et ses peines, les étranges sensations qu’il éprouve face à son corps d’enfant qui se transforme en celui d’un homme, son amitié avec Rafaniello, et surtout son éveil à l’amour après sa rencontre avec la belle Maria. Un roman d’apprentissage bouleversant et poétique qui a été couronné par le prix Femina étranger en 2002.
DE LUCA Erri (né en 1950), Montedidio est paru chez Gallimard en 2002, dans une traduction de Danièle Valin. Il est disponible en Folio depuis 2003.
IT > FR
EAN 9782070302703
240 pages
Disponible en grand format, ePub et poche.
Bonnes feuilles…
Chacun de nous vit avec un ange, c’est ce qu’il dit, et les anges ne voyagent pas, si tu pars, tu le perds, tu dois en rencontrer un autre. Celui qu’il trouve à Naples est un ange lent, il ne vole pas, il va à pied : « Tu ne peux pas t’en aller à Jérusalem », lui dit-il aussitôt. Et que dois-je attendre, demande Rafaniello. « Cher Rav Daniel, lui répond l’ange qui connaît son vrai nom, tu iras à Jérusalem avec tes ailes. Moi je vais à pied même si je suis un ange et toi tu iras jusqu’au mur occidental de la ville sainte avec une paire d’ailes fortes, comme celles du vautour. » Et qui me les donnera, insiste Rafaniello. « Tu les as déjà, lui dit celui-ci, elles sont dans l’étui de ta bosse. » Rafaniello est triste de ne pas partir, heureux de sa bosse jusqu’ici un sac d’os et de pommes de terre sur le dos, impossible à décharger : ce sont des ailes, ce sont des ailes, me raconte-t-il en baissant de plus en plus la voix et les taches de rousseur remuent autour de ses yeux verts fixés en haut sur la grande fenêtre.
L’auteur…
[BNF.FR] Erri De Luca (originellement prénommé Enrico, il a adopté ensuite la forme italianisée de Harry) est né à Naples en 1950, dans une famille bourgeoise appauvrie par la guerre. Il grandit dans le quartier populaire de Montedidio, qui donnera son titre à l’un de ses romans les plus célèbres.
Luttes politiques et engagements humanitaires
Parti faire ses études à Rome alors qu’éclate la révolte de 1968, il se joint aux luttes ouvrières des années 70 et s’engage dans le mouvement Lotta continua, l’un des plus importants de la gauche extraparlementaire italienne d’alors, dont les archives conservées dans la fondation portant son nom documentent l’activité. Il n’achève pas ses études et exerce ensuite diverses professions manuelles : il travaille notamment à la Fiat, puis sur des chantiers en France et en Italie. Son engagement humanitaire le conduit en Tanzanie en 1983, dans le cadre d’un programme pour l’approvisionnement en eau, puis, dans les années 1990, dans la Yougoslavie en guerre, où il conduit des convois humanitaires.
Une vie de lectures et d’écriture
Il se prend au cours de ces années d’un intérêt pour la Bible, surtout pour l’Ancien testament, qu’il lit quotidiennement et qu’il a partiellement traduit de l’hébreu ; cette lecture imprègne fortement son œuvre.
Son premier livre, Non ora, non qui, paraît en 1989. Il en a publié depuis de nombreux autres, alternant textes de réflexion sur les écritures saintes (Una nuvola come tappeto, Nocciolo d’oliva, ou romans comme In nome della madre, E disse), traductions, recueils de poésies (Opera sull’acqua, Solo andata), théâtre (L’ultimo viaggio di Sindbad) et surtout œuvres narratives : on lui doit nombre de romans ou récits, souvent brefs, ayant pour la plupart une tonalité autobiographique et Naples ou ses environs pour cadre, où il fait entendre les échos des rues des quartiers populaires de sa ville natale (Non ora, non qui, Montedidio, Tu, mio), restitue son expérience intime de la montagne (Sulla traccia di Nives, Il peso della farfalla) ou évoque son engagement politique (Impossibile).
Il a aussi pris part à des projets communs avec des musiciens (Gianmaria Testa) et des cinéastes (notamment les courts-métrages Di là del vetro, Il turno di notte lo fanno le stelle et Tu non c’eri, qu’il a écrits).
Il reste très engagé politiquement, aux côtés du mouvement altermondialiste et des migrants. Inculpé en 2013 pour incitation au sabotage dans le cadre de la lutte contre la nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin (mouvement No Tav), il a finalement été relaxé en 2015 : l’un de ses livres, La parola contraria, s’en est fait l’écho.
La reconnaissance du public
En France, son roman Trois chevaux, honoré avec sa traductrice Danièle Valin du prix Laure-Bataillon en 2001, et Montedidio, lauréat du prix Femina étranger en 2002, ont contribué à sa notoriété. Le Prix européen de littérature lui a été décerné en 2013 ainsi que le Prix Ulysse pour l’ensemble de son œuvre.
[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Gallimard.
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