OULITSKAÏA : Sonietchka (1996)

Ce qu’ils en disent…

[GALLIMARD.FR] Depuis toujours, Sonia puise son bonheur dans la lecture et la solitude. C’est dans une bibliothèque que, à sa grande surprise, Robert, un peintre plus âgé qu’elle, qui a beaucoup voyagé en Europe et connu les camps, la demande en mariage. Avec Robert et, bientôt, leur fille Tania, Sonia n’est plus seule, elle lit moins, mais, malgré les difficultés matérielles de l’après-guerre, elle cultive toujours le même bonheur limpide, très légèrement distant et ironique. Des années plus tard, Tania introduit à la maison son amie polonaise Jasia, fille de déportés, mythomane, fantasque, aussi jolie que Tania est laide, et goûtant, comme elle, aux jeux amoureux. Jasia devient la maîtresse de Robert. Malgré son chagrin, Sonia est toujours heureuse. Robert meurt. Tania et Jasia s’en vont à leur tour, Sonia se retrouve seule, ells se remet à lire. Elle irradie toujours du même bonheur résolument paisible et mystérieux…


OULITSKAÏA Ludmila, Sonietchka est paru chez Gallimard en 1996, dans une traduction de Sophie Benech. Il est disponible en Folio depuis 1998.

RU > FR

EAN 9782070404261

120 pages

Disponible en poche.


Ce que nous en disons…

Ecriture sobre mais séduisante de clarté. Personnages attachants mais que de gueules cassées ! L’histoire se déroule sans accrocs alors que les faits rapportés en affoleraient plus d’un (lecteurs compris). Qu’à cela ne tienne, la constance de Sonia lisse une vie généreuse, à côté de laquelle d’autres seraient passées. Reste le mystère de Sonia : une telle lectrice peut-elle avoir une autre représentation du monde que celle des romans qu’elle dévore ? La lecture est-elle source d’aveuglement ou petite musique de vie ?

Patrick Thonart


Bonnes feuilles

Quant à l’âme imperturbable de Sonietchka, enrobée dans son cocon de milliers de livres lus, bercée par le grondement et la fumée des mythes grecs, par la stridence hypnotique des flûtes moyenâgeuses, l’angoisse venteuse et brumeuse d’Ibsen, la pesanteur détaillée de Balzac, la musique astrale de Dante et le chant de sirène des voix pointues de Rilke et de Novalis, envoûtée par le désespoir moralisateur que les grands écrivains russes pointent vers le coeur même du ciel…

 

Sonia avait fait sur son mari une découverte épouvantable : il n’appréciait pas du tout la littérature russe, il la trouvait nue, tendancieuse et insupportablement moralisatrice. Il ne faisait qu’une exception, bien à contrecoeur : Pouchkine…


L’auteurE

Ludmila Oulitskaïa est née en 1943, dans l’Oural. Elle a grandi à Moscou et fait des études de biologie à l’université. Auteur de nombreuses pièces de théâtre et scénarios de films, depuis le début des années 1980, elle se consacre exclusivement à la littérature. Ses premiers récits ont paru à Moscou, dans des revues. Ses livres ont été traduits, en français, aux éditions Gallimard. Son roman « Sonietchka » a reçu le prix Médicis Étranger, en 1996. Elle a deux fils et vit actuellement à Moscou, avec son mari, le sculpteur Andreï Krassouline.


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © AFP – Joël Saget ; © gallimard.fr.


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BRADBURY : Sauvage (2019)

Ce qu’ils en disent…

[LIBREL.BE] À dix-sept ans, Tracy sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités enneigées de l’Alaska. Amoureuse de la nature sauvage, elle possède un secret : un don hors norme, hérité de sa mère, qui la relie de façon unique aux animaux, mais peut-être aussi aux humains. Sa vie bascule le jour où un inconnu l’attaque en pleine forêt, puis disparaît. Quand Tracy reprend connaissance, couverte de sang, elle est persuadée d’avoir tué son agresseur. Ce lourd secret la hante jour et nuit, et lorsqu’un jeune homme à la recherche de travail frappe à leur porte, Tracy sent émerger en elle quelque chose de sauvage…


EAN 9782351787540

BRADBURY Jamey, Sauvage est paru en 2019 chez Gallmeister, Coll. Totem, dans une traduction de Jacques Mailhos.

EN (US) > FR

EAN9782351787540

326 pages

Disponible en grand format, ePub, livre audio et en poche.


Ce que nous en disons…

Il fut un temps où écrire « Femmes qui courent avec les loups » était une nécessité, car elles étaient nombreuses, celles qui avaient oublié leur héritage de sang et de puissance, leur connaissance intime de la rivière sous la rivière. Du coup, la psychanalyste et conteuse Clarissa Pincola Estés s’était fendue en 1996 d’un ouvrage fort utile, compilant 20 ans de recherche dans près de 500 pages, truffées de contes intrigants pour les femmes de l’époque, de légendes nées de la forêt ou du désert qu’elle connaît bien (elle est Mestiza Latina : métisse née d’un couple amérindien / hispano-mexicain), d’histoires collectées dans le monde entier et de rappels flamboyants à cette nature instinctive de la Femme que bien des couches de civilisation et d’oppression, voire… d’autocensure, ont hélas recouverte.

Il y a eu un avant, il y a eu un après

Après l’après (qui restait encore un temps où l’engagement pour la libération de la femme était d’actualité), il y a eu des jeunes auteures, fortes du combat de leurs mères (quelquefois accompagné par leurs pères, d’ailleurs), qui avaient intégré dans leur écriture cette puissance de la femme, où celle-ci n’était plus une question à débattre et illustrer mais, déjà, un ressort naturel de la narration. Sauvage (Paris, Gallmeister, 2019) est un de ces livres rafraîchissants, postérieurs (ou étrangers) à ces combats, un roman d’après-guerre… des sexes.

Rafraîchissant‘ est par contre le pire terme pour évoquer ce roman initiatique, irrésistible de suspense et de densité sombre. Ainsi l’éditeur Gallmeister : « À dix-sept ans, Tracy Petrikoff possède un don inné pour la chasse et les pièges. Elle vit à l’écart du reste du monde et sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités sauvages de l’Alaska. Immuablement, elle respecte les trois règles que sa mère, trop tôt disparue, lui a dictées : «ne jamais perdre la maison de vue», «ne jamais rentrer avec les mains sales» et surtout «ne jamais faire saigner un humain». Jusqu’au jour où, attaquée en pleine forêt, Tracy reprend connaissance, couverte de sang, persuadée d’avoir tué son agresseur. Elle s’interdit de l’avouer à son père, et ce lourd secret la hante jour et nuit. Une ambiance de doute et d’angoisse s’installe dans la famille, tandis que Tracy prend peu à peu conscience de ses propres facultés hors du commun.« 

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

« Vous avez beau vieillir, quel que soit l’âge que vous atteignez, vos parents l’auront atteint avant vous, seront déjà passés par là, et ça a quelque chose de réconfortant. Comme un sentier que vous ne connaissez pas, dans la forêt, sur lequel il y aurait des traces de pas qui vous diraient que quelqu’un l’a déjà emprunté. Jusqu’au jour où vous arrivez à l’endroit où ces traces s’arrêtent… »


L’auteure…

Comme l’écrit son éditeur Gallmeister : “Jamey Bradbury est née en 1979 dans le Midwest et vit en Alaska depuis quinze ans. Elle a été réceptionniste, actrice, secouriste et bénévole à la Croix Rouge. Elle partage aujourd’hui son temps entre l’écriture et l’engagement auprès des services sociaux qui soutiennent les peuples natifs de l’Alaska. Sauvage est son premier roman.


En savoir plus…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be ; Gallmeister | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, Brooke Taylor.


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