OLIVER : Une Ourse dans le jardin (non-publié, 2024)

Ce qu’ils en disent…

[New York Times Book Review] « Un des aspects les plus étonnants de la poésie de Mary Oliver est la continuité de ton, à travers une période d’écriture étonnamment longue. Ce qui change néanmoins, c’est une insistance plus marquée sur la nature et une plus grande précision dans l’écriture, au point qu’elle est devenue un de nos meilleurs poètes… Pas de plaintes dans les poèmes de Madame Oliver, pas de pleurnicheries, mais d’aucune manière l’impression que la vie soit facile… Ces poèmes nous soutiennent, plutôt que de nous divertir. Même si peu de poètes ont aussi peu d’êtres humains dans leurs poèmes que Mary Oliver, il faut constater que peu de poètes sont aussi efficaces pour nous aider à avancer.« 

Stephen Dobyns (trad. Patrick Thonart)


Cliquez pour lire…

OLIVER Mary, Une Ourse dans le jardin est un recueil de poèmes à paraître, dans une traduction de Patrick Thonart avec des illustrations de Bénédicte Wesel. Il est disponible sur demande.

EN (US) > FR

25 poèmes

Disponible en PDF


Bonnes feuilles…

Quand la mort viendra
avide comme l’ours en automne ;
quand la mort viendra et sortira tous les écus brillants de sa bourse

pour m’acheter, puis que, d’un geste, elle la refermera ;
quand la mort viendra
comme la rougeole ;

quand la mort viendra
comme un iceberg entre mes omoplates,

je veux passer la porte pleine de curiosité, en me demandant :
mais comment sera-t-elle, cette cabane de ténèbres ?

Pour ça, je regarde tout
comme un frère et une sœur,
et le temps, je le vois comme une simple idée,
et l’éternité comme une autre possibilité,

et je vois chaque vie comme une fleur, aussi commune
qu’une pâquerette, et aussi singulière,

et chaque nom est une musique douce à ma bouche,
tendant, comme toutes les musiques, vers le silence,

et chaque corps est un lion plein de courage, et quelque chose
de précieux pour la terre.

Quand ce sera fini, je veux pouvoir dire que, toute ma vie,
je suis restée l’épouse de l’étonnement.
Que j’ai été le marié qui prend le monde entier dans ses bras.

Quand ce sera fini, je ne veux pas me demander
si j’ai fait de ma vie quelque chose de particulier, et de réel.
Je ne veux pas me retrouver soupirant, effrayée
ou pleine de justifications.

Je ne veux pas finir après n’avoir fait que visiter ce monde.


L’auteur…

[traduit de BUSTLE.COM, 17 janvier 2019] La poétesse américaine Mary Oliver (1935–2019) vient de décéder à l’âge de 83 ans. Elle s’était vu décerner le Prix Pulitzer ainsi que le National Book Award. Sur le site du San Francisco Chronicle, on peut lire que Bill Reichblum, son exécuteur littéraire, précise que Mary Oliver était décédée le 17 janvier, des suites d’un lymphome, à son domicile de Hobe Sound, en Floride.

Mary Oliver était l’auteure de plus de 15 recueils de poésie et d’essais. Elle était réputée pour son amour de la nature et des animaux, ainsi que pour sa manière joyeuse d’appréhender la vie et le monde. Son oeuvre est reconnaissable par sa simplicité : Mary Oliver estimait que “La poésie, pour être comprise, doit être claire.” Selon la National Public Radio, la poétesse a un jour déclaré : “Il ne s’agit pas de faire chic. J’ai le sentiment que beaucoup de poètes d’aujourd’hui sont un peu comme des danseurs de claquettes. Je trouve que tout ce qui n’est pas nécessaire est superflu et ne doit pas être dans le poème.

Kerri Jarema, bustle.com


En savoir plus…

[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : wallonica.org | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © 2005 Rachel Giese Brown.


Lire encore en Wallonie-Bruxelles…


LENTZ : Vladimir Roubaïev ou les provinces de l’irréel (1985)

Ce qu’ils en disent…

[BABELIO.COM] Écrivain et journaliste, homme de mer et voyageur insatiable, slave jusqu’au fond du verre et même au-delà, Serge Lentz nous offre ici la chronique d’un être aussi peu ordinaire que son destin. Après le succès des Années-sandwiches (Prix des Libraires 1982), il nous apporte à présent la saga retentissante de Vladimir Roubaïev, conspirateur et philosophe primaire, puissant donneur de claques et grand amoureux de la lune. […] Du rire énorme à la tendresse la plus profonde, Serge Lentz renoue ici avec la tradition des conteurs inspirés, de ceux qui nous gardent éveillés durant des nuits entières et dont les acteurs étonnants continuent de vivre dans nos imaginations longtemps après être allés se reposer entre les pages du livre.

[CRITIQUESLIBRES.COMVoyage dans l’Ukraine irréelle. Un vrai bonheur que ce texte de Serge Lentz, mille aventures, mille fous rires, mille expériences? portés par des mots que j’aime à lire et à relire, années après années. C’est le récit du vieux Vladimir, jalonné par une correspondance un peu folle avec un de ses petits fils, qui le trouve, à tort ou à raison, un peu fou. A-t-il vraiment vécu tout cela ? Dernier fils d’un grand propriétaire terrien dans une province reculée d’Ukraine, chaque évènement de sa vie, à commencer par sa naissance bien sûr, est sujet à légende ou à craintes populaires. Il passera par l’école de la vie, formé par la maîtresse juive de son père, un esprit libre, comme par deux mendiants qui sont les plaies du village. Puis ce sera le lycée du tsar, et dont il s’enfuit après le suicide d’un camarade, pour traverser la Russie à pied rejoindre sa sœur à Saint-Pétersbourg. Il passera aussi par le bagne de Sibérie pour insurrection politique.
Préparez-vous à éclater de rire devant les personnages et la verve de Schloïmeh Confiture et du cousin Maxime, le ridicule de Céleste Bosquet, qui lui volera son pucelage un jour de pluie… attendez-vous à quelques émotions aussi, en phase avec « cette grande saucisse (de Vladimir) qui s’ouvre à l’ivresse des symboles » en libérant des pigeons qui n’ont de cesse de revenir après dans leur cage, à son grand désespoir… Ce roman truculent ne se raconte pas. Plongez dedans et laissez-vous emporter !!


LENTZ Serge, Vladimir Roubaïev ou Les provinces de l’irréel est paru chez Robert Laffont en 1985. Depuis 1994, il est disponible chez Livre de poche en petit format.
N.B. Serge Lentz est également le traducteur de deux romans de Jim Harrison, avant que Brice Matthieussent ne prenne la relève.

FR / EAN 9782253041351 / 629 pages


Ce que nous en disons…

Jubilatoire pour ceux qui aiment jubiler. Outrancier pour ceux qui prisent l’outrance. Tendre pour ceux qui aiment les ours. Slave pour ceux qui ne savent pas ce que c’est. Profondément humain parce que ça, tout le monde peut le ressentir. Un roman qui construit son lecteur avec le sourire…

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

– Et moi ? demanda Vladimir. Et moi ?
Alors, la vieille diseuse de bonne aventure qui semblait être leur mère à tous, se détacha du groupe et vint lui prendre la main.
– Toi, dit-elle, tu n’es qu’un petit garçon, avec des habitudes de petits garçon. Tu grimpes aux arbres, tu déniches des œufs de rouges-gorges, tu martyrises les chats, tu te moques des infirmes et les femmes enceintes te font peur. Tu n’aimes que la pêche, les osselets et ta fronde. Tu n’es qu’un petit garçon sans importance, mais tu deviendras un homme très grand, beaucoup plus grand que les plus grands caporaux de la garde de l’empereur. Viens avec moi. […]

Vladimir Roubaïev était de taille si haute qu’il contemplait le monde à deux têtes au-dessus des autres, mais cette vue d’ensemble lui paraissait étrange et souvent déroutante. Élevé dans la solitude d’un jeune roi de Prusse, il avait appris à trouver ses vérités dans l’irréel et le fantastique, ce qui ne l’empêchait nullement d’exercer des passions bien terrestres. Il vécut près de cent ans sur sa terre d’Ukraine et laissa le souvenir d’un personnage légendaire qui tuait les sangliers à coups de poing, fracassait les portes avec sa tête, parlait le langage des chevaux et faisait l’amour aux nymphes des marais. […]

Puisque ses parents, d’abord, et son mari, ensuite, lui disaient toujours qu’elle n’ouvrait la bouche que pour dire des bêtises, elle résolut un jour de ne plus parler à personne, sauf à Dieu. Et dans la communauté, tout le monde se mit à plaindre Dieu. […]

La volupté, Fédia, la Volupté ! Il n’est rien de plus étrange et de plus indéfinissable que la volupté, à tel point qu’on ne sait plus si c’est un sentiment ou une impression. Il ne faut pas croire ce que disent les poètes et les vantards; la volupté, cela s’explique si mal qu’on serait en droit de se demander si cela existe.


L’auteur…

[LETOURNEPAGE.COM] Serge Lentz est un écrivain et journaliste français né le 15 janvier 1936 et mort le 21 décembre 2021. Il fut lauréat du prix des libraires en 1982 pour Les Années-sandwiches et du prix Interallié en 1985 pour Vladimir Roubaïev. Son dernier ouvrage paru fut La Stratégie du Bouffon couronné « meilleur roman de l’année » par le magazine Lire. Il fut membre permanent du jury du Prix Interallié. Il fut également le traducteur des premiers romans de Jim Harrison : Légendes d’automne et Sorcier.

En qualité de grand reporter, il a couvert les guerres du Congo, d’Algérie, du Viet Nam, d’Israël, du Biafra, de l’Irak, etc. En 1963, il a été le premier journaliste occidental à franchir le Mur de Bambou de manière plus ou moins clandestine pour le compte du Washington Post.

Il a été l’auteur de grandes séries de reportage pour Paris Match sur la zone du Pacifique, la Chine et sur les pôles Nord et Sud qu’il a explorés durant plusieurs mois (Grand Prix de la fondation Mumm pour la presse écrite en 1988).


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : e.a. librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, Lentz (g) avec Jean Ferniot en 2011 © purepeople.com.


Lire encore en Wallonie-Bruxelles…