STEGNER : La vie obstinée (2002)

Ce qu’ils en disent…

[GALLMEISTER.FR] « En ces bouillonnantes années 1960, la jeunesse américaine se berce d’illusions et d’utopies. Joe Allston, agent littéraire à la retraite, regarde cette époque agitée avec ironie : revenu de tout, il regrette de n’avoir pas su créer avec son fils désormais décédé la relation qu’il aurait voulue. Seule l’affection que sa femme Ruth et lui portent à un jeune couple du voisinage les rattache encore au monde extérieur. Leur existence confortable et routinière va se voir chamboulée par l’installation d’une colonie de hippies à proximité. Entre indulgence et exaspération, les Allston vont se retrouver confrontés à une jeunesse qu’ils ne comprennent guère. »

[BABELIO.COM] « Pour certains, La Vie obstinée est bien le chef-d’œuvre de Wallace Stegner, qui obtint le prix Pulitzer en 1972 pour Angle d’équilibre. On y retrouve Joe Allston, croisé dans Vue cavalière, toujours aussi incertain, mécontent de sa vie, de sa civilisation comme de son métier et qui se cherche avec élégance, en des endroits où il n’est jamais allé. Cet insatisfait chronique s’est installé en pleine nature non loin de San Francisco pour y couler, avec sa femme, ce qu’il croit être des jours heureux…
Ce n’est pas pour rien que les romanciers de l’école du Montana, Jim Harrison en tête, considèrent Stegner comme la figure centrale de leur courant littéraire nourri des grands espaces de l’Ouest. »

Un roman d’une intensité crépitante.

NEW YORK TIMES BOOK REVIEW

À la fois ancré dans notre époque et intemporel.

CHICAGO TRIBUNE

Gatsby le magnifique saisit les années 1920 tout en les transcendant. La Vie obstinée est une réussite du même ordre pour les années 1960.

VIRGINIA QUARTERLY REVIEW

La Vie obstinée commence comme une comédie sur le choc des cultures et des générations, mais Stegner y mêle une dimension plus sombre qui en fait un roman mélancolique et poignant sur la famille, l’échec et la réussite, ainsi que sur le rapport de l’homme à la nature.

l’opinion


EAN 9782351788134

STEGNER Wallace (1909-1993), La vie obstinée est paru chez Gallmeister en 2002, dans une traduction d’Eric Chedaille. La version anglaise originale, All the Little Live Things était parue en 1967.

EN (US) > FR

EAN 9782351788134

448 pages

Disponible en grand format, ePub et poche.


Ce que nous en disons…

J’ai rarement rencontré de miroir plus pertinent des états d’âmes propres à mon âge. Vivifiant ! S’il est quelque part une virilité pudiquement révélée, c’est dans ces romans de STEGNER…

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

De plus en plus d’adultes deviendront des voyous, des criminels, et iront grossir les rangs de ceux qui n’ont rien. C’est chez eux que nos démagogues et nos romanciers tendront à aller puiser leurs valeurs, leur vision du monde et leur jargon. Dans un premier temps, on contribue à faire naître ces sous-cultures et ensuite, par un phénomène de culpabilité et de compassion, on les épouse.
— Alors là, je vous arrête !
— Pas question. N’oubliez pas : vous êtes tout ouïe. Donc, c’est par pitié qu’on s’y conforme, et c’est du fait de cette pitié que le processus fait boule de neige. Toute civilisation florissante comporte des perdants – une des raisons de son succès est qu’elle sait distinguer ses perdants de ses héros. Nous avons renoncé aux héros – ils en tiennent pour la réussite. Nous nous retrouvons donc avec de plus en plus de perdants, que nous imitons parce que nous n’avons pas le cœur à les débarquer tout à fait. Vous m’écoutez toujours ?
— Pas sans tiquer.
— Je sais. Vous êtes une personne compatissante.


L’auteur

© Leo Holub

[GALLMEISTER.FR] Wallace Stegner est né le 18 février 1909 à Lake Mills, dans l’Iowa. Romancier, nouvelliste, historien, professeur et militant écologiste, celui qu’on appelle souvent le « doyen des écrivains de l’Ouest » (« Dean of Western Writers ») s’est imposé aussi bien à travers ses textes de fiction que ses essais.

Pendant son enfance, il vit notamment à Great Falls, dans le Montana, puis à Eastend dans le Saskatchewan (Canada). De manière générale, il déménage beaucoup à travers les États de l’Ouest américain – il dit plus tard avoir vécu « à vingt endroits, dans huit États et au Canada ». Il passe cependant la plupart de ses étés plus à l’est : à Greensboro, dans le Vermont.

Il étudie d’abord à l’université d’Utah, où il obtient un Bachelor of Arts, puis fait son master et son doctorat à l’université d’Iowa. Une fois diplômé, il enseigne dans plusieurs universités, dont l’université du Wisconsin et Harvard, avant de créer un département de creative writing à Stanford, qu’il dirige de 1945 à 1972. On compte parmi ses élèves Larry McMurtry, Edward Abbey, Raymond Carver et Thomas McGuane.

C’est en 1937 qu’il publie son premier roman, Remembering Laughter. Il est suivi par trois autres, puis, en 1943, Wallace Stegner rencontre son premier succès critique et populaire avec La Montagne en sucre (The Big Rock Candy Mountain). Parmi ses romans les plus notables, on peut notamment citer The Preacher and the Slave (1950 – plus tard rebaptisé Joe Hill : A Biographical Novel), A Shooting Star (1961), L’Envers du Temps (Recapitulation – 1961), et En lieu sûr (Crossing to Safety – 1987).

Acclamé par la critique, Wallace Stegner est couronné par le Prix Pulitzer de la fiction en 1972 pour Angle of Repose (1971) et par le National Book Award en 1977 pour The Spectator Bird (1976).

Il s’est aussi consacré à des essais, abordant des sujets très variés. On trouve notamment, parmi ses textes de non-fiction, deux histoires de l’implantation des Mormons dans l’Utah, une biographie de l’explorateur et naturaliste John Wesley Powell, ainsi qu’une histoire des débuts de l’exploitation pétrolière au Moyen-Orient. Engagé en faveur de l’environnement, il a co-fondé, en 1962, le Commitee for Green Foothills, une organisation non-gouvernementale qui agit au niveau local pour protéger les « collines, forêts, baies, marécages et zones côtières » de la péninsule de San Francisco. Le recueil Lettres pour le monde sauvage (2015) réunit douze de ses textes consacrés à des réflexions sur l’environnement et la nature.

Wallace Stegner décède le 13 avril 1993 des suites d’un accident de voiture à Santa Fe, au Nouveau-Mexique.

Pour en savoir plus, le site officiel de l’auteur : wallacestegner.org…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources mentionnées dans le texte | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © sjquinney.utah.edu ; © Leo Holub.


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TOLKIEN : Le Seigneur des anneaux (3 tomes, 1954-1955)

Ce qu’ils en disent…

La dernière très forte impression de lecture que j’ai ressentie m’a été causée, il y a sept ou huit ans, par Le Seigneur des Anneaux, de Tolkien, où la vertu romanesque resurgissait intacte et neuve dans un domaine complétement inattendu.

Julien Gracq

TOME 1 – La fraternité de l’anneau

[LIBREL.BE] Dans un paisible village du Comté, le jeune Frodon est sur le point de recevoir un cadeau qui changera sa vie à jamais : l’Anneau de Pouvoir. Forgé par Sauron au coeur de la Montagne du Feu, on le croyait perdu depuis qu’un homme le lui avait arraché avant de le chasser hors du monde. À présent, de noirs présages s’étendent à nouveau sur la Terre du Milieu, les créatures maléfiques se multiplient et, dans les Montagnes de Brume, les Orques traquent les Nains. L’ennemi veut récupérer son bien afin de dominer le monde ; l’OEil de Sauron est désormais pointé sur le Comté. Heureusement Gandalf les a devancés. S’ils font vite, Frodo et lui parviendront peut-être à détruire l’Anneau à temps.

Chef-d’oeuvre de la fantasy, découverte d’un monde imaginaire, de sa géographie, de son histoire et de ses langues, mais aussi réflexion sur le pouvoir et la mort, Le Seigneur des Anneaux est sans équivalent par sa puissance d’évocation, son souffle et son ampleur.

Cette traduction de Daniel Lauzon prend en compte la dernière version du texte anglais, les indications laissées par Tolkien à l’intention des traducteurs et les découvertes permises par les publications posthumes proposées par Christopher Tolkien.

Ce volume contient 18 illustrations d’Alan Lee, ainsi que deux cartes en couleur de la Terre du Milieu et du Comté.

TOME 2 – Les deux tours

[LIBREL.BE] La Fraternité de l’Anneau poursuit son voyage vers la Montagne du Feu où l’Anneau Unique fut forgé, et où Frodo a pour mission de le détruire. Cette quête terrible est parsemée d’embûches : Gandalf a disparu dans les Mines de la Moria et Boromir a succombé au pouvoir de l’Anneau. Frodo et Sam se sont échappés afin de poursuivre leur voyage jusqu’au coeur du Mordor. À présent, ils cheminent seuls dans la désolation qui entoure le pays de Sauron – mais c’est sans compter la mystérieuse silhouette qui les suit partout où ils vont.

Ce volume contient 16 illustrations d’Alan Lee, ainsi qu’une carte en couleur de la Terre du Milieu.

TOME 3 – Le retour du roi

[LIBREL.BE] La dernière partie du Seigneur des Anneaux voit la fin de la quête de Frodo en Terre du Milieu. Le Retour du Roi raconte la stratégie désespérée de Gandalf face au Seigneur des Anneaux, jusqu’à la catastrophe finale et au dénouement de la grande Guerre où s’illustrent Aragorn et ses compagnons, Gimli le Nain, Legolas l’Elfe, les Hobbits Merry et Pippin, tandis que Gollum est appelé à jouer un rôle inattendu aux côtés de Frodo et de Sam au Mordor, le seul lieu où l’Anneau de Sauron peut être détruit.

Ce volume contient 15 illustrations d’Alan Lee, entièrement renumérisées, d’une qualité inégalée, ainsi que deux cartes (en couleur) de la Terre du Milieu et du Comté.


Une intégrale en un volume est disponible depuis 2024…

TOLKIEN John Ronald Reuel, Le Seigneur des anneaux (1954-1955) est paru chez Christian Bourgois en 2022, dans une nouvelle traduction de Daniel Lauzon, illustrée par Alan Lee.

Tome 1 : La fraternité de l’Anneau (528 pages, 1954) ; Tome 2 : Les deux tours (432 pages, 1954) ; Tome 3 : Le retour du Roi (518 pages, 1955)

EN (UK) > FR

Disponible en grand format, eBook et poche.

EAN 9782267046885

EAN 9782267046892

EAN 9782267046908

L’auteur

[CULTURE.ULIEGE.BE] John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973) est sans nul doute un des plus illustres collaborateurs scientifiques de l’Université de Liège.

Élevé au rang de Docteur honoris causa à l’ULg en 1954, il était à l’époque connu et reconnu par le monde académique pour ses travaux de philologue, spécialisé dans le domaine des littératures vieil-anglaise et norroise, plutôt que pour le désormais célébrissime The Hobbit, publié dès 1937, et qui suscitait le plus souvent les quolibets de ses collègues médiévistes. Cela ne l’a pas empêché de diriger la thèse de doctorat de Simonne D’Ardenne (An Edition of The Life and the Passion of Saint Juliana, Université d’Oxford, 1936), qui fut nommée Professeur de grammaire comparée à l’ULg en 1938, et avec qui il continua de collaborer jusqu’au milieu des années cinquante.

Quelques mois avant d’être honoré par l’ULg, Tolkien publie le premier volume de la trilogie du Seigneur des Anneaux, qui a donné ses lettres de noblesse à la fantasy et reste un des ouvrages les plus lus et les plus traduits au monde. D’aucuns prétendent qu’il est le livre le plus lu après la Bible ; il est en tous cas le plus populaire des livres du siècle dernier, avec plus de 150 millions d’exemplaires vendus depuis sa première parution.

Michel Delville


En savoir plus dans wallonica.org…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be ; uliege.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © ULiège ; © Christian Bourgois.


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BRADBURY : Sauvage (2019)

Ce qu’ils en disent…

[LIBREL.BE] À dix-sept ans, Tracy sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités enneigées de l’Alaska. Amoureuse de la nature sauvage, elle possède un secret : un don hors norme, hérité de sa mère, qui la relie de façon unique aux animaux, mais peut-être aussi aux humains. Sa vie bascule le jour où un inconnu l’attaque en pleine forêt, puis disparaît. Quand Tracy reprend connaissance, couverte de sang, elle est persuadée d’avoir tué son agresseur. Ce lourd secret la hante jour et nuit, et lorsqu’un jeune homme à la recherche de travail frappe à leur porte, Tracy sent émerger en elle quelque chose de sauvage…


EAN 9782351787540

BRADBURY Jamey, Sauvage est paru en 2019 chez Gallmeister, Coll. Totem, dans une traduction de Jacques Mailhos.

EN (US) > FR

EAN9782351787540

326 pages

Disponible en grand format, ePub, livre audio et en poche.


Ce que nous en disons…

Il fut un temps où écrire « Femmes qui courent avec les loups » était une nécessité, car elles étaient nombreuses, celles qui avaient oublié leur héritage de sang et de puissance, leur connaissance intime de la rivière sous la rivière. Du coup, la psychanalyste et conteuse Clarissa Pincola Estés s’était fendue en 1996 d’un ouvrage fort utile, compilant 20 ans de recherche dans près de 500 pages, truffées de contes intrigants pour les femmes de l’époque, de légendes nées de la forêt ou du désert qu’elle connaît bien (elle est Mestiza Latina : métisse née d’un couple amérindien / hispano-mexicain), d’histoires collectées dans le monde entier et de rappels flamboyants à cette nature instinctive de la Femme que bien des couches de civilisation et d’oppression, voire… d’autocensure, ont hélas recouverte.

Il y a eu un avant, il y a eu un après

Après l’après (qui restait encore un temps où l’engagement pour la libération de la femme était d’actualité), il y a eu des jeunes auteures, fortes du combat de leurs mères (quelquefois accompagné par leurs pères, d’ailleurs), qui avaient intégré dans leur écriture cette puissance de la femme, où celle-ci n’était plus une question à débattre et illustrer mais, déjà, un ressort naturel de la narration. Sauvage (Paris, Gallmeister, 2019) est un de ces livres rafraîchissants, postérieurs (ou étrangers) à ces combats, un roman d’après-guerre… des sexes.

Rafraîchissant‘ est par contre le pire terme pour évoquer ce roman initiatique, irrésistible de suspense et de densité sombre. Ainsi l’éditeur Gallmeister : « À dix-sept ans, Tracy Petrikoff possède un don inné pour la chasse et les pièges. Elle vit à l’écart du reste du monde et sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités sauvages de l’Alaska. Immuablement, elle respecte les trois règles que sa mère, trop tôt disparue, lui a dictées : «ne jamais perdre la maison de vue», «ne jamais rentrer avec les mains sales» et surtout «ne jamais faire saigner un humain». Jusqu’au jour où, attaquée en pleine forêt, Tracy reprend connaissance, couverte de sang, persuadée d’avoir tué son agresseur. Elle s’interdit de l’avouer à son père, et ce lourd secret la hante jour et nuit. Une ambiance de doute et d’angoisse s’installe dans la famille, tandis que Tracy prend peu à peu conscience de ses propres facultés hors du commun.« 

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

« Vous avez beau vieillir, quel que soit l’âge que vous atteignez, vos parents l’auront atteint avant vous, seront déjà passés par là, et ça a quelque chose de réconfortant. Comme un sentier que vous ne connaissez pas, dans la forêt, sur lequel il y aurait des traces de pas qui vous diraient que quelqu’un l’a déjà emprunté. Jusqu’au jour où vous arrivez à l’endroit où ces traces s’arrêtent… »


L’auteure…

Comme l’écrit son éditeur Gallmeister : “Jamey Bradbury est née en 1979 dans le Midwest et vit en Alaska depuis quinze ans. Elle a été réceptionniste, actrice, secouriste et bénévole à la Croix Rouge. Elle partage aujourd’hui son temps entre l’écriture et l’engagement auprès des services sociaux qui soutiennent les peuples natifs de l’Alaska. Sauvage est son premier roman.


En savoir plus…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be ; Gallmeister | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, Brooke Taylor.


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TOKARCZUK : Sur les ossements des morts (2020)

Ce qu’ils en disent…

[LIBREL.BE] Janina Doucheyko vit seule dans un petit hameau au cœur des Sudètes. Ingénieure à la retraite, elle se passionne pour la nature, l’astrologie et l’oeuvre du poète et peintre William Blake. Un matin, elle retrouve un voisin mort dans sa cuisine, étouffé par un petit os. C’est le début d’une série de crimes mystérieux sur les lieux desquels on retrouve des traces animales. La police mène l’enquête. Les victimes avaient toutes pour point commun une passion dévorante pour la chasse…


TOKARCZUK Olga, Sur les ossements des morts est paru chez Phébus Libretto en 2020, dans une traduction de Margot Carlier.

PL > FR

EAN 9782369145714

288 pages

Disponible en grand format, ePub et poche.


Bonnes feuilles…

Je suis à présent à un âge et dans un état de santé tel que je devrais penser à me laver soigneusement les pieds avant d’aller me coucher, au cas où une ambulance viendrait me chercher en pleine nuit.


L’auteur.e…

[BNF.FR] Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature 2018. Largement reconnue non seulement dans sa Pologne natale mais aussi à l’étranger, l’écrivaine Olga Tokarczuk est lauréate du prix Nobel de littérature, décerné en 2019 au titre de l’année 2018. Cette haute distinction s’ajoute à un palmarès impressionnant qui englobe Niké, le plus prestigieux prix littéraire polonais, qui lui a été attribué à deux reprises (2008 et 2015), et The Man Booker International Prize (2018). L’Académie suédoise a su reconnaître “une imagination narrative qui, avec une passion encyclopédique, symbolise le dépassement des frontières comme forme de vie.” Olga Tokarczuk rejoint ainsi quatre auteurs polonais nobélisés : Henryk Sienkiewicz (1905), Władysław Reymont (1924), Czesław Miłosz (1980) et Wisława Szymborska (1996).


En savoir plus…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be ; BNF.FR | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © DR.


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WAGAMESE : Les étoiles s’éteignent à l’aube (2017)

Ce qu’ils en disent…

[LIBREL.BE] Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d’alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l’accompagner jusqu’à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S’ensuit un rude voyage à travers l’arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. Eldon raconte à Frank les moments sombres de sa vie aussi bien que les périodes de joie et d’espoir, et lui parle des sacrifices qu’il a concédés au nom de l’amour. Il fait ainsi découvrir à son fils un monde que le garçon n’avait jamais vu, une histoire qu’il n’avait jamais entendue.


WAGAMESE Richard, Les étoiles s’éteignent à l’aube est paru chez Medicine Walk en 2014. Il a été traduit par Christine Raguet-Bouvert et est disponible en Zoe Poche depuis 2024.

EN (CA) > FR

EAN 9782264069702

308 pages

Disponible en grand format et poche


Ce que nous en disons…

Il est des lectures saines ou exaltantes que l’on commente volontiers autour d’un verre ou d’une table de bistrot. Peut-être se voudra-t-on plus intelligente, plus séduisant, plus imposante aussi, aux yeux de l’autre, des autres, ou, au contraire, plus sincère avec l’ami ou la copine. On échangera sur la force d’un texte, l’harmonie ressentie ou la sagesse de certains passages. Partager la découverte, s’en prévaloir : dans tous les cas, on passera par les mots, voire les discours. Du bruit, souvent.

Il y a également des livres rares qui sont suivis par un silence, un calme entièrement écrit sur la page blanche qui suit le mot ‘FIN’, la seule page que l’on emmènera avec soi et sur laquelle on pourra écrire à quatre mains, avec l’auteur, à l’encre d’une gratitude naturelle, cette gratitude qui fait circuler le sang quand au détour d’un chemin, un cerf apparaît, royal, qu’on n’espérait plus…

Le roman de Richard WAGAMESE (1955-2017), Les étoiles s’éteignent à l’aube (Medecine Walk, 2014) s’apparente à ceux-là : ces livres que l’on prête sans commentaire, que l’on offre avec la main sur l’épaule du proche que l’on aime ou… qu’on laisse traîner dans la bibliothèque des toilettes, dans l’espoir qu’un autre fasse la découverte.

Étonnamment, Starlight (posthume, 2018) ne recrée pas la magie initiatique du premier volet, Medecine Walk. Présenté comme un roman sylvothérapeutique par les critiques du Monde, il a été reconstitué par l’éditeur canadien de Wagamese après son décès en 2017. Si le roman était déjà bien avancé et l’entourage de Wagamese éclairé sur les intentions de l’auteur, ce sont des passages d’autres romans courts (des novellas où il fait intervenir les mêmes personnages) qui ont permis de boucler la copie, notamment pour la fin de l’histoire. Richard Wagamese avait par ailleurs indiqué qu’il voulait clôturer le texte sur la phrase : « Puis ils commencèrent à courir« .

Si la beauté simple du premier volet, Les étoiles s’éteignent à l’aube, se traduisait en phrases directes prononcées par des personnages rugueux dans les scènes urbaines, ou en évocations sobres de la puissance naturelle dans les passages plus sylvestres (qu’elle s’exprime dans la face d’un ours en colère ou dans le mouvement furtif d’une biche), elle est mise à mal dans Starlight, où s’installe la volonté d’expliquer, d’illustrer par des exemples (et, peut-être, de préparer un scénario de cinéma vendable). On passe de l’initiation rude mais sans violence de Medecine Walk, à une version didactisée et prévisible de l’école de vie que propose un Franklin Starlight trop lisse et monolithique. Le découpage même des différentes scènes sent le futur montage cinéma. Ceci, sans compter avec les fautes de traduction présentes dans les deux volumes (j’ai rarement vu un cow-boy imbibé employer le même vocabulaire que la comtesse de Ségur…).

Bref, si vous voulez lire Wagamese, peut-être devriez-vous commencer par Les étoiles s’éteignent à l’aube. Mais si vous voulez ne plus lire qu’un auteur avant de mourir, peut-être devriez-vous commencer par Wagamese

Patrick Thonart


Bonnes feuilles

« Pour le garçon, le vrai monde c’était un espace de liberté calme et ouvert, avant qu’il apprenne à l’appeler prévisible et reconnaissable. Pour lui, c’était oublier écoles, règles, distractions et être capable de se concentrer, d’apprendre et de voir. Dire qu’il l’aimait, c’était alors un mot qui le dépassait, mais il finit par en éprouver la sensation. C’était ouvrir les yeux sur un petit matin brumeux d’été pour voir le soleil comme une tache orange pâle au-dessus de la dentelure des arbres et avoir le goût d’une pluie imminente dans la bouche, sentir l’odeur du Camp Coffee, des cordes, de la poudre et des chevaux. C’était sentir la terre sous son dos quand il dormait et cette chaleureuse promesse humide qui s’élevait de tout. C’était sentir tes poils se hérisser lentement à l’arrière de ton cou quand un ours se trouvait à quelques mètres dans les bois et avoir un nœud dans la gorge quand un aigle fusait soudain d’un arbre. C’était aussi la sensation de l’eau qui jaillit d’une source de montagne. Aspergée sur ton visage comme un éclair glacé. Le vieil homme lui avait fait découvrir tout cela… »


L’auteur…

[en rédaction]



[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be ; zoe éditions | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Zoe.


SORMAN : La peau de l’ours (2014)

Ce qu’ils en disent…

[4e de couverture] Le narrateur, hybride monstrueux né de l’accouplement d’une femme avec un ours, raconte sa vie malheureuse. Ayant progressivement abandonné tout trait humain pour prendre l’apparence d’une bête, il est vendu à un montreur d’ours puis à un organisateur de combats d’animaux, traverse l’océan pour intégrer la ménagerie d’un cirque où il se lie avec d’autres créatures extraordinaires, avant de faire une rencontre décisive dans la fosse d’un zoo. Ce roman en forme de conte, qui explore l’inquiétante frontière entre humanité et bestialité, nous convie à un singulier voyage dans la peau d’un ours. Une manière de dérégler nos sens et de porter un regard neuf et troublant sur le monde des hommes.


SORMAN Joy, La peau de l’ours est paru chez Gallimard en 2014. Il est disponible en Folio depuis 2016.

FR

EAN 9782070468195

178 pages

Ce que nous en disons…

Inutile de lire La peau de l’ours. J’dis ça, j’dis rien, mais c’est un livre de plus à abandonner sur la tablette du train, surtout maintenant qu’il est sorti en format poche (le livre). Tout commence bien pourtant, comme dans un conte (dont le style n’est pas trop mal singé). Mais Joy Sorman (née en 1973), toute contente de son idée initiale (mettre en regard humanité et animalité dans la même peau, celle d’un bâtard homme-ours qui, malgré lui, est soumis à un voyage qui devrait être initiatique), n’arrive pas tenir la longueur et la pauvre bête qui se voit offrir le rôle-titre n’est rapidement plus qu’un ours savant qui réfléchit… un peu.

Au fil des pages et malgré les promesses de la quatrième de couverture (reproduite ci-dessus), on se dit que les Aventures de Babar étaient plus trépidantes. La magie du conte, assez efficace dans les premières pages, est aussi rapidement étouffée et remplacée, comme par dépit, par une narration assez linéaire où le découpage en chapitre est le seul vrai rythme, là où on attendait une succession de passages initiatiques que le sujet aurait permis (on tenait enfin un premier Bildungsroman plantigrade ; au moins le deuxième, si on considère Winnie the Pooh).

Dans un domaine où la géniale orfèvre Siri HUSTVEDT offre à tous les hommes (en d’autres termes, les ‘gender-disabled short-sighted humans‘) la possibilité d’entrevoir la douloureuse renaissance d’une femme blessée, vue par une femme (Un été sans les hommes, 2013), l’espoir était grand de voir une romancière explorer une des grandes ambivalences viriles : raison vs. sauvagerie.

Ah ! Quelle est l’auteuse qui arrivera à mettre en oeuvre la finesse acérée de sa plume (In Memoriam Virginia W.) pour décrire cette sensation d’avoir “les épaules à l’étroit dans un costume trois-pièces” ?

Pour l’aider, quelques questions prolégoméniques : Proust péterait-il dans son marais, pendant le bain matutinal ? Shrek s’essuierait-il la bouche après s’être enfourné un demi-kilo de madeleines ?

Dieu me tripote ! Desproges aurait précisé qu’il s’essuyait toujours la bouche après avoir pété dans son bain. Mais c’est une autre histoire…​​

Patrick Thonart

Bonnes feuilles…

 

[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : gallimard.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Gallimard.

BAKKER : Parce que les fleurs sont blanches (2020)

Ce qu’ils en disent…

[GRASSET.FR] Gerard élève seul ses trois garçons depuis que leur mère les a quittés sans laisser d’adresse, se contentant d’envoyer des cartes postales depuis l’Italie pour les anniversaires et Noël. Klaas et Kees, les jumeaux de seize ans et leur petit frère Gerson –sans oublier le chien, Daan– vivent néanmoins dans une maisonnée plutôt joyeuse où Gerard s’efforce de faire bonne figure.
Un dimanche matin ordinaire où ils sont invités chez les grands-parents, leur vie bascule. Sur une route de campagne traversant des vergers où fleurissent des arbres fruitiers, une voiture s’encastre dans celle de Gerard, le choc est violent. Si les jumeaux et le père s’en tirent avec des blessures légères, il en sera tout autrement pour Gerson. Il est plongé dans le coma et au réveil, il comprend qu’il a perdu la vue. Aidé par Harald, infirmier dévoué, l’adolescent tente d’apprivoiser sa nouvelle vie, alors que les jumeaux et leur père essaient également de faire face, mais le retour à la maison est douloureux malgré le soutien de Jan et Anna, les grands-parents des enfants. Gerson s’enferme dans sa douleur et sa colère, refuse d’accepter toute aide et de se projeter dans un quelconque avenir. Plus personne ne sait comment le soutenir. Gerard presse son fils de prendre des décisions quant à son futur, sans résultat. Lorsque l’été arrive, tous savent que les choses ne pourront pas continuer ainsi à la rentrée. Le séjour prévu dans la paisible maison des grands-parents au bord d’un lac apparaît alors à tous comme la possibilité d’un nouveau départ…

Gerbrand Bakker est un maître incontesté dans l’art de saisir l’essentiel avec peu de mots. Son écriture impressionne par sa concision, sa justesse et surtout, par l’absence absolue de tout pathos. Racontée pour l’essentiel par ses frères, l’histoire de ce jeune garçon qui ne parvient pas à accepter de vivre dans le noir n’en devient que plus déchirante.


[FOLIO-LESITE.FR] « Nous étions quatre hommes hilares dans une vieille guimbarde. En route vers quelque part. Le soleil brillait, c’était dimanche matin, tout allait bien. Un peu plus loin, il y avait un carrefour. Nous riions encore lorsqu’une voiture a percuté la nôtre.« 

Gerson, treize ans, et ses frères jumeaux forment une fratrie heureuse. Depuis que leur mère est partie sans laisser d’adresse, leur père les couve et tente de faire bonne figure. Jusqu’à l’accident de voiture qui plonge Gerson dans le coma. Entouré de ses proches et de son chien qui ne perdent pas espoir, l’adolescent entend peu à peu la vie reprendre autour de lui. Mais lorsqu’il ouvre les yeux, il découvre qu’il est aveugle. Parce que les fleurs sont blanches est l’histoire bouleversante d’un garçon qui refuse de vivre dans le noir, et d’une famille unie que ce drame changera à jamais.


[RTBF.BE, Musiq3, 3 février 2020] Les deux précédents romans de Gerbrand BAKKER ont paru chez Gallimard et celui-ci est sorti chez Grasset. Gerbrand Bakker est fils de fermier et est né dans une famille de sept enfants. Après son premier roman Là-haut tout est calme qui déjà se penchait sur les liens entre père et fils dans un milieu rural, il nous raconte avec une belle justesse dans Parce que les fleurs sont blanches les rapports contrariés entre fidélité et/ou obligation de mettre ses pas dans ceux du père, et ce besoin aussi de prendre le large, de trahir les espoirs qu’on a forgés pour vous inventer différemment.

Un titre assez énigmatique…

Parce que les fleurs sont blanches” : cette phrase est prononcée par l’un des trois frères du roman. La dernière image que ce dernier a vue, avant un accident de voiture qui lui a coûté la vue, est des poiriers en fleurs au bord de la route. Les fleurs de pommiers sont roses, il l’affirme.

C’est donc à un drame que nous assistons, un jeune garçon de 13 ans, le plus beau des trois, avec ses yeux verts, le plus délié aussi, le plus hâbleur, vit sous le regard des deux autres, des jumeaux. Et ce sont eux, dont les voix se mêlent, qui nous racontent cet été tragique.

Ce qui est remarquable dans ce roman, c’est la manière dont il est construit. Gerbrand Bakker se met à l’écoute des voix de ces adolescents, de la complicité des jumeaux, de la jalousie du cadet et puis du renversement qui s’opère après l’accident. C’est à une véritable polyphonie que le lecteur assiste, mais dans laquelle les silences, les intérieurs de tête, les rebuffades, les gestes tendres de garçons maladroits sont d’une éloquence rare.

Développement d’un langage différent

Après l’accident de leur frère, les jumeaux sont obligés de développer un langage différent, ils sont peu habitués à se toucher, et même à parler, à mettre des mots sur leurs émotions, or ils vont devoir le faire pour guider leur jeune frère. Et l’auteur, fait de même, c’est comme s’il nous menait dans le noir, à tâtons vers la découverte du vent sur la peau, du soleil sur les paupières, de toute une gamme de sensations qui parlent à la place de ce qui ne peut être vu. La nature, la vivacité affectueuse d’un petit chien qui prend part au récit lui aussi, forment comme une sorte de nid où déposer le chagrin et la stupéfaction.

L’histoire nous est racontée a posteriori, avec une onde de retard qui en amortit le choc, et cela confère à cette tragédie une étonnante douceur. Il devrait y avoir de la colère, des larmes mais ne reste, par-dessus le désarroi, que le souvenir des jeux, les bravades de ces garçons dans leur dernier été d’insouciance. Et le fait que toutes les voix alternent pour raconter cette histoire, ajoute une sonorité à cette écriture.

Une nouvelle tonalité dans ce roman

Dans les deux précédents romans, il y avait une âpreté, le poids de vies empêchées déjà, mais avec solitude, amertume et des ruptures libératoires mais définitives. En revanche la campagne, les animaux accompagnaient déjà les personnages, pas comme simple décor, mais comme un écho à leur liberté ou leur résignation. Gerbrand Bakker écrit aussi pour les adolescents et on le comprend d’autant mieux avec ce roman-ci qui est au plus près des émotions de jeunes gens au seuil de l’âge adulte, entre l’ennui douillet de l’enfance, les corvées, le jardin secret, et puis l’angoisse de devoir grandir, partir, choisir ou renoncer.

C’est un roman déchirant mais il y a une telle pudeur, un tel amour dans ces pages, que le drame recule, s’enfonce dans la mémoire du lecteur, qui ne conservera peut-être que la lumière qui traverse farouchement les ténèbres de cette histoire, pleine, à la fois de chagrin et de rires de garçons.

Sophie Creutz, Musiq3

BAKKER Gerbrand, Parce que les fleurs sont blanches est paru chez Grasset dans une traduction de Françoise Antoine (Paris : Grasset, 2020).

NL > FR

EAN 9782072966651

224 pages

Ce que nous en disons…

[en cours de rédaction]

Bonnes feuilles…

 

[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, édition, correction et iconographie | sources : grasset.fr ; rtbf.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Grasset.

LENTZ : Vladimir Roubaïev ou les provinces de l’irréel (1985)

Ce qu’ils en disent…

[BABELIO.COM] Écrivain et journaliste, homme de mer et voyageur insatiable, slave jusqu’au fond du verre et même au-delà, Serge Lentz nous offre ici la chronique d’un être aussi peu ordinaire que son destin. Après le succès des Années-sandwiches (Prix des Libraires 1982), il nous apporte à présent la saga retentissante de Vladimir Roubaïev, conspirateur et philosophe primaire, puissant donneur de claques et grand amoureux de la lune. […] Du rire énorme à la tendresse la plus profonde, Serge Lentz renoue ici avec la tradition des conteurs inspirés, de ceux qui nous gardent éveillés durant des nuits entières et dont les acteurs étonnants continuent de vivre dans nos imaginations longtemps après être allés se reposer entre les pages du livre.

[CRITIQUESLIBRES.COMVoyage dans l’Ukraine irréelle. Un vrai bonheur que ce texte de Serge Lentz, mille aventures, mille fous rires, mille expériences? portés par des mots que j’aime à lire et à relire, années après années. C’est le récit du vieux Vladimir, jalonné par une correspondance un peu folle avec un de ses petits fils, qui le trouve, à tort ou à raison, un peu fou. A-t-il vraiment vécu tout cela ? Dernier fils d’un grand propriétaire terrien dans une province reculée d’Ukraine, chaque évènement de sa vie, à commencer par sa naissance bien sûr, est sujet à légende ou à craintes populaires. Il passera par l’école de la vie, formé par la maîtresse juive de son père, un esprit libre, comme par deux mendiants qui sont les plaies du village. Puis ce sera le lycée du tsar, et dont il s’enfuit après le suicide d’un camarade, pour traverser la Russie à pied rejoindre sa sœur à Saint-Pétersbourg. Il passera aussi par le bagne de Sibérie pour insurrection politique.
Préparez-vous à éclater de rire devant les personnages et la verve de Schloïmeh Confiture et du cousin Maxime, le ridicule de Céleste Bosquet, qui lui volera son pucelage un jour de pluie… attendez-vous à quelques émotions aussi, en phase avec « cette grande saucisse (de Vladimir) qui s’ouvre à l’ivresse des symboles » en libérant des pigeons qui n’ont de cesse de revenir après dans leur cage, à son grand désespoir… Ce roman truculent ne se raconte pas. Plongez dedans et laissez-vous emporter !!


LENTZ Serge, Vladimir Roubaïev ou Les provinces de l’irréel est paru chez Robert Laffont en 1985. Depuis 1994, il est disponible chez Livre de poche en petit format.
N.B. Serge Lentz est également le traducteur de deux romans de Jim Harrison, avant que Brice Matthieussent ne prenne la relève.

FR / EAN 9782253041351 / 629 pages


Ce que nous en disons…

Jubilatoire pour ceux qui aiment jubiler. Outrancier pour ceux qui prisent l’outrance. Tendre pour ceux qui aiment les ours. Slave pour ceux qui ne savent pas ce que c’est. Profondément humain parce que ça, tout le monde peut le ressentir. Un roman qui construit son lecteur avec le sourire…

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

– Et moi ? demanda Vladimir. Et moi ?
Alors, la vieille diseuse de bonne aventure qui semblait être leur mère à tous, se détacha du groupe et vint lui prendre la main.
– Toi, dit-elle, tu n’es qu’un petit garçon, avec des habitudes de petits garçon. Tu grimpes aux arbres, tu déniches des œufs de rouges-gorges, tu martyrises les chats, tu te moques des infirmes et les femmes enceintes te font peur. Tu n’aimes que la pêche, les osselets et ta fronde. Tu n’es qu’un petit garçon sans importance, mais tu deviendras un homme très grand, beaucoup plus grand que les plus grands caporaux de la garde de l’empereur. Viens avec moi. […]

Vladimir Roubaïev était de taille si haute qu’il contemplait le monde à deux têtes au-dessus des autres, mais cette vue d’ensemble lui paraissait étrange et souvent déroutante. Élevé dans la solitude d’un jeune roi de Prusse, il avait appris à trouver ses vérités dans l’irréel et le fantastique, ce qui ne l’empêchait nullement d’exercer des passions bien terrestres. Il vécut près de cent ans sur sa terre d’Ukraine et laissa le souvenir d’un personnage légendaire qui tuait les sangliers à coups de poing, fracassait les portes avec sa tête, parlait le langage des chevaux et faisait l’amour aux nymphes des marais. […]

Puisque ses parents, d’abord, et son mari, ensuite, lui disaient toujours qu’elle n’ouvrait la bouche que pour dire des bêtises, elle résolut un jour de ne plus parler à personne, sauf à Dieu. Et dans la communauté, tout le monde se mit à plaindre Dieu. […]

La volupté, Fédia, la Volupté ! Il n’est rien de plus étrange et de plus indéfinissable que la volupté, à tel point qu’on ne sait plus si c’est un sentiment ou une impression. Il ne faut pas croire ce que disent les poètes et les vantards; la volupté, cela s’explique si mal qu’on serait en droit de se demander si cela existe.


L’auteur…

[LETOURNEPAGE.COM] Serge Lentz est un écrivain et journaliste français né le 15 janvier 1936 et mort le 21 décembre 2021. Il fut lauréat du prix des libraires en 1982 pour Les Années-sandwiches et du prix Interallié en 1985 pour Vladimir Roubaïev. Son dernier ouvrage paru fut La Stratégie du Bouffon couronné « meilleur roman de l’année » par le magazine Lire. Il fut membre permanent du jury du Prix Interallié. Il fut également le traducteur des premiers romans de Jim Harrison : Légendes d’automne et Sorcier.

En qualité de grand reporter, il a couvert les guerres du Congo, d’Algérie, du Viet Nam, d’Israël, du Biafra, de l’Irak, etc. En 1963, il a été le premier journaliste occidental à franchir le Mur de Bambou de manière plus ou moins clandestine pour le compte du Washington Post.

Il a été l’auteur de grandes séries de reportage pour Paris Match sur la zone du Pacifique, la Chine et sur les pôles Nord et Sud qu’il a explorés durant plusieurs mois (Grand Prix de la fondation Mumm pour la presse écrite en 1988).


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : e.a. librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, Lentz (g) avec Jean Ferniot en 2011 © purepeople.com.


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