GAUQUELIN : De mémoire d’arbre (2024)

Ce qu’ils en disent…

[SOCIETEBOTANIQUEDEFRANCE.FR] « Je m’appelle Adrouman et j’ai 517 ans… » Notre collègue Thierry Gauquelin, Professeur émérite à l’Université d’Aix Marseille, publie De mémoire d’arbre, un roman scientifique aux éditions Tana.

Je m’appelle Adrouman et j’ai aujourd’hui 517 ans… Ou à peu près. Je suis un arbre, un genévrier thurifère, Juniperus thurifera en latin. J’habite les hauts sommets de l’Atlas marocain, là où seuls les individus de mon espèce peuvent se développer, entre la rigueur de l’hiver et la sécheresse de l’été. Les conditions de ma naissance m’ont été contées par un proche voisin et ami, mon aîné d’une centaine d’années… En l’an 1505, 910 de l’hégire, à l’heure du soleil couchant d’une fin d’octobre.

C’est sur ces mots […] que s’ouvre le roman. Il s’agit du récit, à la première personne, d’un très vieux genévrier des Atlas marocains, qui nous raconte ses cinq siècles d’existence, au milieu des siens. Les premiers chapitres concernent sa naissance, sa croissance, sa morphologie (son tronc, ses feuilles, ses racines, etc) et son environnement forestier immédiat. L’occasion d’aborder son adaptation aux conditions difficiles de la haute Montagne.

Ce sont ensuite les rencontres qu’il a pu faire, de Léon l’Africain, à l’origine de sa naissance, au Maréchal Lyautey, défenseur des forêts marocaines. Mais aussi avec des animaux, comme le dernier lion de l’Atlas qui vient mourir à son pied. Illustration de la perte de biodiversité… Il dévoile également l’expérience scientifique unique dont il a été le protagoniste, qui permet d’évoquer la recherche scientifique en écologie.

On se retrouve immergé au cœur des Atlas marocains, où destin des arbres et destin des hommes s’entrecroisent. Notre genévrier est ainsi confronté tant à la hache du berger et à la dent du troupeau qu’au changement climatique auquel il doit s’adapter. Le vieil arbre nous pousse alors à réfléchir à la pression que nous exerçons sur le vivant. C’est aussi un appel pour cesser de considérer les arbres comme des choses esthétiques ou utilitaires, et les voir enfin pour ce qu’ils sont, des colocataires de la même planète, indispensables à notre propre survie.

[LISEZ.COM] Quand un genévrier des Atlas marocains séculaire nous raconte son existence semée d’embuches et de rencontres. Si les arbres pouvaient parler… Ce roman écrit à la première personne nous immerge au coeur des montagnes, dans une nature aussi fascinante que rude, où le destin des arbres et celui des hommes sont étroitement liés. Confronté tout à la fois à la hache du berger et à la dent du troupeau, un genévrier de l’Atlas marocain raconte ses cinq siècles d’existence. Le vieil arbre nous pousse à réfléchir à la pression que nous exerçons sur le vivant. C’est aussi un appel pour cesser de considérer les arbres comme des choses esthétiques ou utilitaires, et les voir enfin pour ce qu’ils sont : des colocataires de la même planète, indispensables à notre propre survie.


GAUQUELIN Thierry, Prénom, De mémoire d’arbre est paru chez Tana en 2024.

FR

EAN 9791030105476

160 pages

Disponible en grand format et ePub.


Ce que nous en disons…

L’idée pouvait facilement basculer dans la ringardise scolaire : donner la parole à l’objet que l’on veut documenter (« Bonjour, les petits enfants, je m’appelle ‘climat’ et je me réchauffe un peu plus tous les jours…« ). Thierry Gauquelin a réussi la gageure et à aucun moment on ne doute de la noble parole de cette arbre qui affiche plus de 5 siècles au compteur. « Cette » car il s’agit d’une arbre femelle. Le saviez-vous : dans le cas des plantes dioïques, les arbres ou les fleurs femelles produisent des graines de fruits quand les fleurs ou les plantes mâles produisent du pollen. Nous voilà instantanément plus malins ! « Compteur » car Dame Thurifera a vu passer de nombreux scientifiques sous sa canopée, qui ont établi les données que l’auteur liste également. La beauté de cet ouvrage est ailleurs : si la pédagogie est évidente et la vulgarisation efficace, les savoirs ne sont rien s’ils ne mènent à la connaissance. Or, le dispositif utilisé par Gauquelin nous accorde avec l’intimité et l’histoire de ce genévrier et les péripéties de sa longue existence résonneront longtemps dans le coeur du lecteur. Pas question d’ennui, pas question d’études en vue d’un examen : chacun peut goûter et partager un vrai témoignage et, comme dans les meilleurs dessins animés, donner un visage à ce tronc centenaire. Et avec le visage authentique naît le dialogue…

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

Genévrier thurifère de l’Atlas © Margaux Bidat

L’auteur…

Thierry Gauquelin est professeur émérite à Aix-Marseille Université et membre de l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale (IMBE). Il s’intéresse depuis plus de quarante ans à la biodiversité et au fonctionnement des écosystèmes forestiers, notamment méditerranéens et montagnards.


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : e.a. librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © lamarseillaise.fr.


Lire encore en Wallonie-Bruxelles…

PHILIPPON : Papi Mariole (2025)

Ce qu’ils en disent…

[LIVREDEPOCHE.COM] « Bon sang de bonsoir, mais qu’est-ce que je fous là ? » À l’entrée du périph, un vieux monsieur, peignoir en velours et chaussons en peluche effilochés, se répète inlassablement cette question. Échappé de son Ehpad, Mariole, tueur à gages, ne se souvient plus de rien, sauf d’une chose : il lui reste une mission à accomplir. Seul problème, il ne sait plus laquelle. Mathilde, elle, se bourre d’anxiolytiques pour oublier. Victime de revenge porn, jetée en pâture sur les réseaux sociaux, elle se dit que le plus simple est peut-être d’en finir… à moins de faire équipe avec le vieil amnésique venu à sa rescousse : en l’aidant à retrouver la mémoire, Mathilde pourrait se payer une revanche en or.

Deux personnages inoubliables. Une comédie noire de grande classe. Du savoir-rire.

Hubert Artus, Lire magazine

Avec humour, réalisme et bienveillance, Benoît Philippon déroule le road trip pétaradant d’un duo de justiciers explosifs.

Marie Rogatien, Le Figaro magazine

[FRANCEINFO.FR/CULTURE, 29 mars 2024] Papi Mariole de Benoît Philippon : voyage au bout de la jubilation. Benoît Philippon signe avec Papi Mariole un livre désopilant, plein de tendresse et d’humanisme, sur un vieux tueur à gages atteint d’Alzheimer qui fait équipe avec une jeune paumée pour une odyssée épique. Indispensable.

Quelque part entre Donald Westlake et Daniel Pennac, entre un éclat de rire salvateur et une bienveillance désintéressée, Papi Mariole (Albin Michel) est un voyage au bout de la jubilation. Benoît Philippon signe un livre hilarant, plein de tendresse et d’humanisme. Un roman qui fait du bien. Et d’une originalité explosive. L’auteur de Mamie Luger et de Cabossé réunit de nombreux ingrédients pour une recette dont il a seul le secret. Alors, oui, « accrochez-vous à vos bretelles, ça va valser.« 

La vieillesse peut être un naufrage ou un nouveau départ. Papi Mariole, atteint de la maladie d’Alzheimer, n’en peut plus d’attendre la mort dans son Ehpad. Alors, il s’enfuit. Parce que Mariole a une mission à accomplir. Laquelle ? Il ne se souvient plus. Maudit Alzheimer. Mariole est tueur à gages, ça complique un peu sa tâche.

Le tueur, la jeune fille et la cochonne. Mariole erre dans un univers qui a perdu ses repères. Le vieux tueur est convaincu qu’il arrivera à ressusciter sa mémoire et retrouver son passé. Dans son périple, il croise Mathilde. La jeune fille est prête à mettre fin à ses jours. Victime de revenge porn, elle voit sa vie jetée en pâture sur les réseaux sociaux. Proie d’un manipulateur, elle a perdu confiance en elle-même et envers les autres. Jusqu’à sa rencontre improbable avec Papi Mariole, qu’elle surnomme avec tendresse Dory, comme le poisson bleu qui souffre de trouble de mémoire immédiate dans le film d’animation Le Monde de Nemo. « Qui êtes-vous ?« , n’arrête pas de lui demander régulièrement son compagnon d’infortune. Et pour compléter cet attelage improbable, Madame Chonchon, la truie de compagnie de l’ancien tueur à gages.

Et voici donc le trio parti en guerre pour réparer les injustices, et rendre ce monde un peu plus vivable. Avec son écriture nerveuse et pleine d’humour, Benoît Philippon s’intéresse à des sujets importants : la transmission, les violences faites aux femmes, réelles et numériques (et non virtuelles), la dépendance des personnes âgées, la masculinité toxique, la vengeance… On rit souvent avec Papi Mariole, et entre deux éclats, deux sourires, on réfléchit aussi. Et c’est toute la force de Benoît Philippon d’évoquer des sujets profonds avec ce qui peut apparaître comme de la légèreté. Papi Mariole, une extraordinaire odyssée jubilatoire. Benoît Philippon, une plume aérienne et profonde.

Mohamed Berkani


PHILIPPON Benoît, Papi Mariole est paru chez Livre de poche en 2025.

FR

EAN 9782253253198

384 pages

Disponible en grand format, ePub et poche.


Ce que nous en disons…

Jubilatoire ! Du Grand Guignol subtil et méchamment réaliste : ça existe. Le genre de tournepage dont on se délecte sans pouvoir fermer la lumière en tête du lit (« Allez, encore un petit chapitre, puis je dors…« ). Un polar qui respecte les conventions du genre mais également un brûlot engagé pour la cause des femmes et… des papis gâteux. On en ressort souriant (ce livre est drôle), responsable (l’engagement du propos n’est pas anodin : la vengeance sonne comme un lourd avertissement envers…) et plus humain (la preuve : j’ai pleuré au dernier chapitre). A ne pas rater !

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

. . . rentre chez elle. Les rétines rougies par les larmes. Acides. N’y croit pas. Clique à nouveau. Ne peut s’en empêcher. Les vues. Le décompte s’accentue.
Mitraillage de notifications. T’as trop pas de fierté, meuf / ‘J’vais te faire miauler, moi, LOL / Pussy Dol, comment t’es chaude/ Tu baises aussi dans ta litière ? / Et mon os, tu veux le ronger, mon os ? Les amis qui s’inquiètent, sur WhatsApp, sur Messenger, sur Insta, dans la vraie vie. Mathilde, tu vas bien ? C’est quoi ce délire? / C’est vraiment l’horreur, je pense à toi / Putain, mais pourquoi t’as fait ça, meuf ? À la main tendue succède le couperet. Accusateurs, eux aussi. La brûlure du jugement. La déception dans leur ton. De toute façon, ils ne font pas le poids. Comparés aux tonnes d’immondices qui l’attirent au fond. Tout au fond. « Miaule pour moi. » Son visage en gros plan. Sa langue contre ses dents. « Miaow« . Les rires. Off caméra. Les recoins de son intimité, on caméra. Et maintenant sur le Web. Capturés dans les filets du LOL. Son visage, partout relayé, son anatomie, pas même floutée, son nom, hashtagué, son prénom, en open source, personne ne peut la rater, personne n’essaie. Des milliers de partages, ses données perdues, là-haut dans le cloud, amalgamées dans un maelstrom anonyme. « Juste une vidéo pour nous. » Mathilde miaule pour l’éternité virtuelle, face caméra, consentante, pendant que Beau_risque_69 la sodomise, mais « ça reste entre nous« . Entre nous et le reste du monde. Son visage à lui est flouté – brouillage hard codé, impossible à effacer, Boris est le créateur de la vidéo, le détenteur du master, son anonymat restera protégé, il s’en est assuré. Alors que pour Pussy Doll, c’est le début de la gloire. Qu’elle le veuille ou non. La flambée virale. Des hashtags du plus évocateur au plus explicite. Spirale du trash. Mathilde, la tête dans la cuvette, vomit sa crédulité avec sa salade-crudité. Bientôt elle régurgitera son overdose d’anxiolytiques. La vidéo. En boucle. Des quidams libidineux lui ont écrit des horreurs. On a trollé son Insta. Qualificatifs infamants, insultes dégradantes, son « Miaow » est devenu un meme. Entre deux dégueulis, une question résonne contre la faïence : « Y a pas de brigade des moeurs contre ce genre de détournements ? » Sur certains sites, si. Tant qu’on ne voit pas ses seins, pas de quoi censurer l’extrait. Sur d’autres hébergeurs, par contre, c’est open bar sur son intimité. Depuis la sex tape de Pamela Anderson et Tommy Lee devenue virale, le porno non consenti sur Internet est un sport international. Hunter Moore et son site IsAnyoneUp ? a fait des émules. Jennifer Lawrence n’a pas pu se protéger de la fuite de ses photos, malgré son armada d’avocats. Alors qu’est-ce qu’elle peut faire, elle ? Cheval de Troie, cadeau de la maison, en surimpression au bas de la vidéo, les liens sur ses profils Insta, Facebook, Linkedln, TikTok, Romantica. La toile d’araignée virtuelle qu’elle a elle-même tissée. Pour se construire un réseau, rester connectée, à ses amis, à ses contacts, provoquer des rencontres, motiver des opportunités professionnelles, rigoler devant des vidéos de tranches de vie, des gifs animés d’une débilitée devenue soudain essentielle… Rien de méchant, faut bien se détendre, entre deux réunions commerciales chiantes et l’accumulation des mails urgents dans le week-end. « La bonne taille? Mais… comment t’as su ? » « Quarante-deux, tu me l’as dit quand on tchattait. » Des extraits de leur conversation, capturés sur la vidéo, livrés en pâture, alimentent l’orgie de commentaires. Ils ne manquent jamais d’imagination, quand il s’agit d’humiliation. Et c’est parti pour le body shaming. Elle qui se trouvait un peu ronde, mais se trouvait aussi des excuses, toutes les analogies y passent, de la vache à la truie, la psalmodie des immondices, illustrées par des montages photo ignominieux, piochés dans des clichés d’abattoirs, son visage en extase accolé à des tortures animales, abjectes jusqu’à la nausée. Sur repeat, Mathilde et son sourire, un rien forcé, la langue qui passe sur les dents : « Miaow… » Elle a beau appeler les services client, alertes anti-spams, sécurité des plateformes, à chaque lien supprimé, en réapparaît un clone ailleurs. Le film a été rippé, dupliqué, relinké, à l’infini. Rien à faire. Si le terme virus va si bien à l’univers informatique, il y a une bonne raison à ça : impossible de freiner l’épidémie. « Miaow… » Coup de téléphone de son patron. Convoquée à son bureau -l’entreprise ne pourrait tolérer ce type de comportement d’aucun employé. Il en va de la réputation de la boîte. – Mais je ne suis pas responsable, enfin si, mais ça devait rester dans la sphère intime. – Ce que vous faites dans l’intimité ne doit pas nuire à notre image, mademoiselle Wandderlon. Inutile de vous dire que la déviance de cette vidéo… Elle avait déjà halluciné quand, lors de l’entretien, son futur employeur avait fait allusion à des photos qu’il n’avait pu voir que sur son compte Facebook. Il avait fouiné. En même temps, elle ne l’avait pas configuré en « privé« . Qui se met en privé, de nos jours ? Si on se connecte sur un réseau, c’est pour être vue, non ? L’anonymat, c’est so siècle dernier. Suffit d’être vigilant, ne pas poster n’importe quoi. Elle se scandalise toujours de voir ses amis partager des photos de leurs gosses en ligne. Avec l’étendue de la pédocriminalité, ils ne se rendent pas compte. Mathilde, la tête dans la cuvette, vomit son vertige. Aspirée par l’horreur de ses constatations : elle ne parviendra jamais à s’extraire de ce tourbillon, n’aura plus de travail, ne trouvera plus d’employeur, d’amis, d’amants, de famille. « Oui, maman, j’ai honte, non, je ne savais pas qu’il mettrait cette vidéo en ligne, c’était pour s’amuser. Tu t’es jamais amusée, toi ? Ah oui, papa ne veut plus me parler ? Bah, c’est pas la première fois que je le déçois. Ah là, il ne veut plus me voir ? Jamais ? Merci pour le soutien, vraiment… Moi aussi, j’ai honte de moi… Moi aussi, si tu savais. » La mère raccroche, trop de déception, trop de dégoût. Comment cela a-t-il pu leur arriver, à eux ? Ils l’ont pourtant bien éduquée. Son frère n’est pas comme elle. Pourquoi Mathilde est-elle devenue comme ça ? Pourquoi leur a-t-elle fait ça ? À eux ! Elle est mise au ban. Par eux, par tous. Comme ceux qu’elle aidait. Les laissés-pour-compte. Elle ne s’imaginait pas être à son tour jetée au rebut. Pas comme ça. Mais ça y est, elle aussi est passée de l’autre côté. Des cernes sous les yeux, l’incriminée observe son médecin qui lui signe un arrêt de travail. « Trop tard, je suis licenciée. » Dans son regard inquisiteur, elle devine qu’il a maté la vidéo, sous le manteau. Avec ses pattes de mouche, il rédige une ordonnance. Elle plonge dans une autre spirale : anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères. Un clic de temps en temps sur la blogosphère. Son hashtag caracole toujours sur certains sites de streaming pour adultes, Pomhub, XNXX, TuKif, X videos, xHamster. Elle se revoit dans son open space, après le savon passé par son patron, son monde écroulé, son licenciement pour faute grave, sans indemnités compensatoires, et son poste de travail, jonché de photocopies, d’elle, à quatre pattes, saucissonnée dans une lingerie taille quarante-deux, se livrer à du porno amateur. Les rires, pas même camouflés, de ses collègues, des « Miaow« , ravalés dès qu’elle tournait la tête. Boris… Comment t’as pu me faire ça ? Après tout ce qu’on avait partagé. Nos nuits tendres, nos échanges, nos confessions. Pendant des semaines. Tes caresses, tes promesses. C’était pas anodin ? Si ? Mathilde pleure sous les rires sans visage. Une collègue lui tend un Kleenex. Dans son regard se mêlent compassion et dégoût. Elle penche la tête sur le côté, observe Mathilde, comme si elle se repassait cette vidéo en mémoire. « Miaow« . Un cachet, deux cachets, trois cachets « Attention à bien respecter la dose prescrite – Sinon quoi ? -Risque d’intoxication.» Quatre cachets, cinq cachets. Les mois qui passent. L’assommoir. Oublier. Son image. Devenue publique. Salie. Piétinée. Jugée. Condamnée. Par ces inconnus. Six cachets. Un coup de fil. « Allô maman? … Oui, moi aussi, je me dégoûte… » Elle réalise qu’elle n’arrive plus à articuler. C’est quoi, ce bruit ? Des sirènes ? Elle s’est assoupie. Depuis combien de temps ? Elle ne sait pas, elle ne sait plus, elle se dit juste que si ça continue, ell


L’auteur…

Né en 1976, Benoît Philippon est auteur, scénariste et réalisateur. Il a grandi en Côte d’Ivoire, aux Antilles, au Canada et en France. Le succès de Mamie Luger, son deuxième roman, l’a propulsé comme l’un des meilleurs auteurs du polar français.


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : livredepoche.com ; librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Archipel Ville Fouesnant.


Lire encore en Wallonie-Bruxelles…

REVEL : Pourquoi des philosophes (1957)

Ce qu’ils en disent…

[CHEZREVEL.NET] La publication de Pourquoi des philosophes en 1957 suscita une véritable révolution, aussi bien chez les philosophes que chez les non-philosophes. traîné dans la boue ou porté aux nues, ce livre constituait, au-delà du pamphlet de circonstance, une mise en question de l’essence même de l’activité philosophique. Revel y explique comment la philosophie a épuisé son rôle historique qui était de donner naissance à la science. Depuis, et après La Cabale des dévots (1962), qui en constitue la suite et réunit les réponses aux polémiques soulevées par cet ouvrage, de nombreuses rééditions sont venues confirmer l’influence des brillants pamphlets philosophiques de Jean-François Revel. Réunis en un seul volume, et augmentés de textes complémentaires, ces deux essais ne constituent en fait qu’une seule œuvre qui demeure d’une étonnante actualité.

[LIBREL.BE] La publication, en 1957, de Pourquoi des philosophes, a été à l’origine d’une controverse qui a touché un public beaucoup plus large que celui des philosophes professionnels. À une époque où la philosophie française cherchait sa voie entre le renouvellement de sa tradition et l’acclimatation de la philosophie allemande, Revel remettait en cause l’idée même de la philosophie et sa place dans la pensée moderne. Dans Pourquoi des philosophes et dans La Cabale des dévots (1962), où il répond aux objections de ses contradicteurs, Revel s’en prend avec un talent polémique – et comique – exceptionnel aux principales idoles de la philosophie française de son temps. Il déplore que l’histoire de la philosophie soit de moins en moins historienne, pour se concentrer sur l’étude interne des systèmes. Il met en cause le spiritualisme et l’idéalisme dominants dans la tradition française, qu’il trouve incompatibles avec les engagements politiques des philosophes français, et qui sont selon lui relayés par la phénoménologie de Husserl et surtout de Heidegger, dont il met en question la méfiance devant la science et la technique modernes. Il dénonce, enfin, la méconnaissance de la psychanalyse, dont les enseignements sont à ses yeux dénaturés par Jacques Lacan. Outre ces deux classiques de la grande littérature polémique, ce volume contient l’Histoire de la philosophie occidentale réunissant ainsi tous les ouvrages que Jean-François Revel a consacrés à la philosophie. On peut voir que son « antiphilosophie » se fonde sur une vision cohérente, informée et argumentée de l’histoire de la philosophie depuis sa naissance en Grèce jusqu’aux débuts de la science expérimentale. Même si on ne le suit pas dans ses conclusions, on lira avec plaisir les analyses qu’il consacre à Platon, à Montaigne et aux grands métaphysiciens du XVIIe siècle – héritiers brillants d’un Descartes que, comme Pascal, il juge « inutile et incertain« .


REVEL Jean-François, Pourquoi des philosophes est paru chez Julliard en 1957, a été réédité chez Jean-Jacques Pauvert en 1964 puis repris dans un des Bouquins chez Robert Laffont en 2013.

FR

EAN 9782221136416

184 pages


L’auteur…

[CHEZREVEL.NET] Jean-François REVEL (1924-2006), de son vrai nom Jean-François Ricard, est né le 19 janvier 1924 dans le 7e arrondissement de Marseille, fils de Joseph et France Ricard. Sa famille est d’origine franc-comtoise. Il passe son enfance à Marseille, habitant dans le quartier Sainte-Marguerite, et fait ses études primaires et secondaires à l’École Libre de Provence. Après l’obtention du baccalauréat littéraire en juillet 1941, il prépare à Lyon, au lycée du Parc, l’École normale supérieure, où il est reçu en juillet 1943 24e ex-aequo, dès sa première tentative. Il est alors âgé de 19 ans.

Dès 1943 et jusqu’à la fin de la guerre, alors étudiant rue d’Ulm, il participe activement à la Résistance sous la direction d’Auguste Anglès, avec le pseudonyme “Ferral”. En 1944, après la Libération, il est chargé de mission au Commissariat de la République de la région Rhône-Alpes pendant quelques mois. C’est pendant cette période de guerre qu’il publie ses premiers textes, dans la revue Confluences.

Durant l’été 1945, il se marie avec Yahne le Toumelin ; de cette union naîtront deux enfants, dont le futur moine bouddhiste Matthieu Ricard, né en février 1946, et Ève Ricard-Reneleau, écrivaine.

En 1947-1948, sa licence et son diplôme d’études supérieures en philosophie en poche, il est nommé professeur en Algérie, dans une médersa, à Tlemcen. A son retour, il mène pendant près de deux ans une vie de bohème.

Puis, de janvier 1950 à octobre 1952, il part enseigner au lycée français et à l’Institut français de Mexico. Enfin, de novembre 1952 à juillet 1956, il est nommé à l’Institut français ainsi qu’à la Faculté des Lettres de Florence, où il enseigne l’Histoire, et en même temps prépare son agrégation de philosophie qu’il passe lors de son retour en France en juillet 1956. C’est pendant ces années à l’étranger qu’il apprend l’espagnol et l’italien.

Par la suite, il fait partie du cabinet du sous-secrétariat d’État aux Arts et Lettres, avant de prendre un poste d’enseignant en philosophie au lycée Faidherbe à Lille, de 1957 à 1959, puis au lycée Jean-Baptiste Say à Paris jusqu’en 1963.

Le 7 juillet 1967, il épouse en secondes noces la journaliste Claude Sarraute (née en 1927). De cette union sont nés le haut fonctionnaire Nicolas Revel en 1966 et Véronique Revel en 1968. Il quitte l’Université en 1963 pour se consacrer à une carrière de journaliste et d’écrivain.


En savoir plus…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : chezrevel.net ; librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © lepoint.fr.


Lire encore en Wallonie-Bruxelles…

BAKEWELL : Au Café existentialiste (2019)

Ce qu’ils en disent…

[PHILOMAG.COM] Paris, 1932. Trois amis se réunissent dans un célèbre café de Montparnasse. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir écoutent Raymond Aron, de retour de Berlin, parler d’une forme de pensée radicalement neuve qu’il a découverte : la phénoménologie. « Si tu es un phénoménologue, lance-t-il à Sartre, tu peux parler de ce cocktail et c’est de la philosophie ! » Intrigué et inspiré, Sartre élabore une théorie fondée sur l’existence vécue, dont le quartier de Saint-Germain-des-Prés va devenir l’emblème. L’existentialisme va faire vibrer Paris et se diffuser dans le monde entier, de l’après-guerre aux mouvements étudiants de 1968. Avec l’érudition et l’humour qui ont fait l’immense succès de Comment vivre ?, Sarah Bakewell fait revivre un courant fondateur de l’histoire de la pensée du XXe siècle et nous plonge dans l’atmosphère effervescente du Paris existentialiste. Sarah Bakewell redonne des couleurs à nos penseurs trop souvent figés dans un noir et blanc nostalgique.

BAKEWELL Sarah, Au café existentialiste ; la liberté, l’être et le cocktail à l’abricot est paru chez Albin Michel en 2018, dans une traduction de Pierre-Emmanuel Dauzat et Aude de Saint-Loup. Il est disponible en format poche depuis 2019.

UK > FR

EAN 9782253257837

600 pages

Ce que nous en disons…

[en rédaction]

Patrick Thonart

Bonnes feuilles…

[en construction]

L’auteur…

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) à : Bournemouth , le 03/04/1963
[BABELIO.COM] Sarah Bakewell est une romancière anglaise. Son enfance s’est passée partout en Europe puis en Australie. Revenue à Londres, elle a été conservatrice au département des incunables de la Wellcome Library avant de publier deux biographies remarquées. À Londres toujours, elle anime des ateliers d’écriture à la City University et travaille pour les collections de livres rares du National Trust. Comment vivre ? (How to Live, 2010) a reçu le National Book Critics Circle Award for Biography aux États-Unis, et le Duff Cooper Prize for Non-Fiction en Grande Bretagne. L’ouvrage a également figuré dans la sélection du Costa Biography Award et du Marsh Biography Award.
Site (EN) : http://www.sarahbakewell.com/

[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © Albin Michel.

BAKEWELL : Comment vivre ? Une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse (2013)

Ce qu’ils en disent…

[LIBREL.BE] Comment tirer parti de chaque instant ? Accepter la fin d’un amour ? Fuir l’habitude ? En deux mots : comment vivre ? Toutes ces questions, que chacun se pose aujourd’hui, Montaigne y a réfléchi et y a apporté des réponses dans ses Essais. D’où l’extrême modernité de la pensée de cet auteur qui, en écrivant sur sa vie, nous fournit les clés pour un art de vivre. Véritable phénomène d’édition en Angleterre et aux États-Unis, ce livre de Sarah Bakewell, abondamment nourri de citations des Essais, aborde de manière chronologique et thématique la vie de Montaigne, les événements qui ont marqué son temps, et nous tend un miroir où chacun peut se reconnaître.

Ce livre iconoclaste ravira tous ceux pour qui vivre et penser sont une seule et même chose. Indispensable !

François Busnel, L’Express

Sarah Bakewell réussit, avec beaucoup d’élégance, un vrai tour de force. […] Un livre populaire.

Roger-Pol Droit, Le monde des livres

[PHILOMAG.COM] « Nous sommes bêtes, mais nous ne saurions être autrement, alors autant se détendre et vivre avec«  : ainsi l’auteure britannique Sarah Bakewell résume-t-elle la philosophie de Montaigne. Le trait est provocateur mais sied à la gouaille tranquille du seigneur aquitain dont la vie et l’œuvre servent ici de matière à un questionnement plus que sérieux : « comment vivre ? » C’est qu’entre le souvenir d’une femme qui ne fait l’amour « que d’une fesse », les notes de lecture et le regard étrangement humain d’un chat, les Essais constituent l’une des tentatives de réponse les plus ambitieuses… et pragmatiques. À la traditionnelle biographie, Bakewell préfère l’habileté d’une promenade à gambades thématiques. Le point de départ : tomber de son cheval et frôler la mort. S’ensuit l’éveil à une vie que Montaigne veut « en toute douceur et liberté, sans rigueur et contrainte ». Il suffit de pouvoir se dire : « si j’avais à revivre, je revivrai comme j’ai vécu »». Apprentissage du latin, magistrature à Bordeaux, amitié intense avec Étienne de La Boétie, deuils, ennuis domestiques… l’écheveau complexe d’une vie se dévide sans autre fin qu’offrir à la vue les nerfs d’un philosophe, « un exemple ordinaire d’être vivant ».


 

BAKEWELL Sarah, Comment vivre ? Une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse  est paru chez Albin Michel en 2013, dans une traduction de Pierre-Emmanuel Dauzat. Il est disponible en Folio depuis 2014.

EN > FR

EAN 9782253000648576 pages

Disponible en grand format, ePub et poche


Ce que nous en disons…

Il n’est pas de meilleure introduction à la pensée de Montaigne. Simple et généreux, l’ouvrage ouvre les portes qui ouvrent sur les meilleurs miroirs…

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

« Comment affronter la peur de la mort ? Accepter la fin de l’amour ? Tirer parti de chaque instant ? En deux mots : comment vivre ?

Le XXIe siècle est plein de gens imbus d’eux-mêmes. Plongez une demi-heure dans l’océan virtuel des blogs, des tweets, des (you)tubes, des (my)spaces, des face(book)s, des pages et des pods, et vous verrez surgir des milliers d’individus fascinés par leurs propres personnes et essayant d’attirer l’attention à grands cris. Ils s’épanchent; ils se ‘livrent’, ils tchattent et mettent en ligne les photos de tout ce qu’ils font. Extrovertis dénués de toute inhibition, ils se regardent le nombril comme jamais ils ne l’ont fait. Lors même qu’ils sondent leur expérience privée, bloggers et networkers communiquent avec leurs semblables dans un festival communautaire du moi.

Des optimistes ont essayé de faire de cette rencontre mondiale des esprits la base d’une nouvelle approche des relations internationales. L’historien Theodore Zeldin a lancé un site, The Oxford Muse, qui invite les gens à concocter de brefs autoportraits en mots, à décrire leur vie quotidienne et ce qu’ils ont appris. Ils les mettent en ligne pour les donner à lire et susciter des réactions. Pour Zeldin, le dévoilement de soi partagé est la meilleure manière de faire naître la confiance et la coopération à travers la planète, en remplaçant les stéréotypes nationaux par de vrais gens. La grande aventure de notre époque, dit-il, est « de découvrir qui habite le monde, un individu à la fois« . L’Oxford Muse fourmille donc d’essais personnels ou d’entretiens avec des titres du genre : Pourquoi un Russe qui a fait des études fait des ménages à OxfordPourquoi être coiffeur comble le besoin de perfection, Comment écrire un autoportrait vous montre que vous n’êtes pas celui que vous croyiezCe que vous pouvez découvrir si vous ne buvez ni ne dansezCe qu’une personne ajoute à ce qu’elle dit dans la conversation quand elle parle d’elle par écritComment réussir quand on est paresseuxComment un chef exprime sa bonté...

En décrivant ce qui les rend différents de tous les autres, les contributeurs révèlent ce qu’ils partagent avec tout le monde : l’expérience de l’humanité. Cette idée – écrire sur soi pour tendre aux autres un miroir où ils reconnaissent leur propre humanité – n’a pas toujours existé. Il a bien fallu l’inventer. Et, à la différence de maintes inventions culturelles, on peut l’attribuer à une seule personne : Michel Eyguem de Montaigne, noble, magistrat et viticulteur, qui vécut dans le Périgord de 1533 à 1592.

C’est tout simplement en le faisant que Montaigne en conçut l’idée. Contrairement à la plupart des mémorialistes de son temps, il n’écrivit pas pour rapporter ses prouesses et ses réalisations. Pas davantage il ne coucha par écrit la chronique des événements historiques dont il fut le témoin direct, quand bien même il aurait pu le faire: au cours des décennies passées à incuber et écrire son livre, il vécut une guerre de religion qui faillit détruire son pays. Appartenant à une génération flouée de l’idéalisme prometteur dont jouissaient les contemporains de son père, il s’adapta aux misères publiques en concentrant son attention sur la vie privée. Il survécut aux troubles, supervisa son domaine, trancha des affaires en sa qualité de magistrat et fut le maire de Bordeaux le plus accommodant de son histoire. Dans le même temps, il composa des textes exploratoires, sans attaches, auxquels il donna des titres simples : De l’amitiéDes cannibalesDe l’usage de se vêtirComme nous pleurons et rions d’une même choseDes nomsDes senteursDe la cruautéDes poucesComme notre esprit s’empêche soi-mêmeDe la diversionDes cochesDe l’expérience

Au total, il écrivit cent-sept essais de cette nature. D’aucuns couvrent une page ou deux ; d’autres sont beaucoup plus longs, en sorte que les éditions les plus récentes de la série complète couvrent plus d’un millier de pages. Ils proposent rarement d’expliquer ou d’enseigner quoi que ce soit. Montaigne se présente comme quelqu’un qui s’est contenté de coucher par écrit ce qui lui passait par la tête lorsqu’il prenait sa plume, saisissant rencontres et états d’esprit comme ils venaient. Et de ces expériences, il fit une base pour se poser des questions, par-dessus tout la grande question qui le fascina comme elle fascina tant de ses contemporains. Deux mots tout simples suffisent à la formuler : Comment vivre ?

À ne pas confondre avec la question éthique : « Comment doit-on vivre ? » Les dilemmes moraux intéressaient Montaigne, mais ce que les gens devraient faire l’intéressait moins que ce qu’ils faisaient vraiment. Il voulait savoir comment vivre une vie bonne, par quoi il faut entendre une vie correcte et honorable, mais aussi une vie pleinement humaine, satisfaisante et florissante. Cette question l’amena à la fois à écrire et à lire, car il était curieux de toutes les vies humaines, passées et présentes. Il ne cessait de s’interroger sur les émotions et les mobiles qui poussaient les gens à agir ainsi qu’ils le faisaient. Et comme il était l’exemple le plus proche qu’il eût sous la main d’un être humain vaquant à ses occupations, il s’interrogea tout autant sur lui-même.

Une question prosaïque, « Comment vivre ?« , éclatée en une myriade d’autres questions pragmatiques. Comme tout le monde, Montaigne buta sur les grandes perplexités de l’ existence : comment affronter la peur de la mort, comment se remettre de la mort d’un enfant ou d’un ami cher, comment se faire à ses échecs, comment tirer le meilleur parti de chaque instant en sorte que la vie ne s’épuise pas sans qu’on l’ait goûtée ? Mais il est aussi de moindres énigmes. Comment éviter de se laisser entraîner dans une dispute absurde avec son épouse, ou un domestique ? Comment rassurer un ami convaincu qu’un sorcier lui a jeté un sort ? Commet ragaillardir un voisin éploré ? Comment garder sa maison ? Quelle est la meilleure stratégie à adopter si vous êtes tenus en respect par des voleurs en armes qui n’ont pas l’air de savoir s’ils vont vous tuer ou vous rançonner ? Si vous surprenez la gouvernante de votre fille qui lui prodigue de mauvais conseils, est-il sage d’intervenir ? Comment faire face à un taureau ? Que dire à votre chien qui a envie de sortir jouer, quand vous souhaitez rester à votre pupitre pour écrire votre livre ?

Au lieu de réponses abstraites, Montaigne nous dit ce qu’il fit à chaque fois, et quel était son sentiment quand il le fit. Il nous donne tous les détails dont nous avons besoin pour toucher du doigt la réalité, et parfois plus qu’il ne nous faut. Il nous dit, sans raison particulière, que le melon est le seul fruit qu’il aime, qu’il préfère faire l’amour couché que debout, qu’il ne sait pas chanter, qu’il aime la compagnie enjouée et se laisse souvent emporter par l’étincelle d’une répartie. Mais il décrit aussi des sensations qu’il est plus difficile de saisir verbalement, si même on en a conscience : ce que ça fait d’être paresseux, ou courageux, ou indécis ; de s’abandonner à un instant de vanité, ou d’essayer de se défaire d’une peur obsédante. Il écrit même sur la sensation pure d’être en vie.

Explorant ces phénomènes sur plus de vingt ans, Montaigne se questionna sans relâche et brossa son portrait : un autoportrait en mouvement constant, si vivant qu’il surgit pour ainsi dire de la page, pour venir s’asseoir à côté de vous et lire par-dessus votre épaule. Il lui arrive de tenir des propos surprenants : bien des choses ont changé depuis la naissance de Montaigne, voici près d’un demi-millénaire, et ni les mœurs ni les croyances ne sont toujours reconnaissables. Lire Montaigne, ce n’en est pas moins éprouver maintes fois le choc de la familiarité, au point que les siècles qui le séparent du nôtre sont réduits à néant. Les lecteurs continuent de se reconnaître en lui, tout comme les visiteurs d’Oxford Muse se reconnaissent ou reconnaissent des aspects d’eux-mêmes dans le récit d’un Russe instruit qui fait des ménages ou dans l’expérience de celui qui préfère ne pas danser.

Dans un article à ce sujet paru dans le Times en 1991, le journaliste Bernard Levin écrivait: « Je mets tout lecteur de Montaigne au défi de ne pas poser le livre à un moment ou à un autre pour s’écrier, incrédule: « Comment a-t-il su tout cela de moi ? » La réponse est, bien entendu, qu’il le sait en se connaissant lui-même. À leur tour, les gens le comprennent parce qu’eux aussi savent tout cela sur leur propre expérience. Comme l’écrivit au XVIIe siècle Blaise Pascal, un de ses premiers lecteurs les plus obsessionnels : Ce n’est pas dans Montaigne mais dans moi que je trouve tout ce que j’y vois. »

Sarah Bakewell


L’auteur…

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) à : Bournemouth , le 03/04/1963
[BABELIO.COM] Sarah Bakewell est une romancière anglaise. Son enfance s’est passée partout en Europe puis en Australie. Revenue à Londres, elle a été conservatrice au département des incunables de la Wellcome Library avant de publier deux biographies remarquées. À Londres toujours, elle anime des ateliers d’écriture à la City University et travaille pour les collections de livres rares du National Trust. Comment vivre ? (How to Live, 2010) a reçu le National Book Critics Circle Award for Biography aux États-Unis, et le Duff Cooper Prize for Non-Fiction en Grande Bretagne. L’ouvrage a également figuré dans la sélection du Costa Biography Award et du Marsh Biography Award.
Site (EN) : http://www.sarahbakewell.com/


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SORMAN : La peau de l’ours (2014)

Ce qu’ils en disent…

[4e de couverture] Le narrateur, hybride monstrueux né de l’accouplement d’une femme avec un ours, raconte sa vie malheureuse. Ayant progressivement abandonné tout trait humain pour prendre l’apparence d’une bête, il est vendu à un montreur d’ours puis à un organisateur de combats d’animaux, traverse l’océan pour intégrer la ménagerie d’un cirque où il se lie avec d’autres créatures extraordinaires, avant de faire une rencontre décisive dans la fosse d’un zoo. Ce roman en forme de conte, qui explore l’inquiétante frontière entre humanité et bestialité, nous convie à un singulier voyage dans la peau d’un ours. Une manière de dérégler nos sens et de porter un regard neuf et troublant sur le monde des hommes.


SORMAN Joy, La peau de l’ours est paru chez Gallimard en 2014. Il est disponible en Folio depuis 2016.

FR

EAN 9782070468195

178 pages

Ce que nous en disons…

Inutile de lire La peau de l’ours. J’dis ça, j’dis rien, mais c’est un livre de plus à abandonner sur la tablette du train, surtout maintenant qu’il est sorti en format poche (le livre). Tout commence bien pourtant, comme dans un conte (dont le style n’est pas trop mal singé). Mais Joy Sorman (née en 1973), toute contente de son idée initiale (mettre en regard humanité et animalité dans la même peau, celle d’un bâtard homme-ours qui, malgré lui, est soumis à un voyage qui devrait être initiatique), n’arrive pas tenir la longueur et la pauvre bête qui se voit offrir le rôle-titre n’est rapidement plus qu’un ours savant qui réfléchit… un peu.

Au fil des pages et malgré les promesses de la quatrième de couverture (reproduite ci-dessus), on se dit que les Aventures de Babar étaient plus trépidantes. La magie du conte, assez efficace dans les premières pages, est aussi rapidement étouffée et remplacée, comme par dépit, par une narration assez linéaire où le découpage en chapitre est le seul vrai rythme, là où on attendait une succession de passages initiatiques que le sujet aurait permis (on tenait enfin un premier Bildungsroman plantigrade ; au moins le deuxième, si on considère Winnie the Pooh).

Dans un domaine où la géniale orfèvre Siri HUSTVEDT offre à tous les hommes (en d’autres termes, les ‘gender-disabled short-sighted humans‘) la possibilité d’entrevoir la douloureuse renaissance d’une femme blessée, vue par une femme (Un été sans les hommes, 2013), l’espoir était grand de voir une romancière explorer une des grandes ambivalences viriles : raison vs. sauvagerie.

Ah ! Quelle est l’auteuse qui arrivera à mettre en oeuvre la finesse acérée de sa plume (In Memoriam Virginia W.) pour décrire cette sensation d’avoir “les épaules à l’étroit dans un costume trois-pièces” ?

Pour l’aider, quelques questions prolégoméniques : Proust péterait-il dans son marais, pendant le bain matutinal ? Shrek s’essuierait-il la bouche après s’être enfourné un demi-kilo de madeleines ?

Dieu me tripote ! Desproges aurait précisé qu’il s’essuyait toujours la bouche après avoir pété dans son bain. Mais c’est une autre histoire…​​

Patrick Thonart

Bonnes feuilles…

 

[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : gallimard.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Gallimard.

PLUVIAUD : Discours de la méthode maçonnique (2011)

Ce qu’ils en disent…

[LIBREL.BE] A la différence des nombreux ouvrages consacrés à l’histoire ou à la symbolique de la franc-maçonnerie, Discours de la méthode maçonnique est un véritable « mode d’emploi » de la méthode maçonnique. A l’usage du grand public comme des francs-maçons, Jean-François Pluviaud explique de manière claire et rigoureuse le pourquoi et le comment de cette suite d’exercices spirituels que sont la pratique des rituels et l’interprétation des mythes et des symboles. Dépouillé de tout un vocabulaire ésotérique, qui, souvent encombre les ouvrages de franc-maçonnerie, l’ouvrage fait apparaître la franc-maçonnerie pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une véritable école de l’éveil, une méthode d’accroissement de la conscience et de la lucidité en même temps qu’une école du savoir-vivre, dans la grande tradition des écoles philosophiques de l’Antiquité.


ISBN : 978-2-85829-675-0

PLUVIAUD Jean-François, Discours de la méthode maçonnique est paru chez VEGA (Guy Trédaniel) en 2011.

FR

EAN 9782858296750

204 pages

Epuisé

 


Bonnes feuilles…

« Le rite est l’épine dorsale du système mais, pour une bonne perception du phénomène maçonnique dans son ensemble, et dans le paysage français en particulier, il faut l’examiner dans la réalité de sa pratique, c’est-à-dire à travers les différentes sensibilités selon lesquelles il se manifeste.

Dans un chapitre précédent, j’ai expliqué l’existence de différents rites par la réponse que chacun apporte au comment de la différence humaine. Le faisant, j’ai distingué trois types de réponses, la réponse théiste (Dieu), la réponse déiste (un principe) et la réponse laïque (la raison) : ce sont ces trois réponses qui vont déterminer les trois grandes familles de rites…” :


L’auteur…

PLUVIAUD, Jean-François (né en 1930)


En savoir plus…


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Cerrer.


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LENTZ : Vladimir Roubaïev ou les provinces de l’irréel (1985)

Ce qu’ils en disent…

[BABELIO.COM] Écrivain et journaliste, homme de mer et voyageur insatiable, slave jusqu’au fond du verre et même au-delà, Serge Lentz nous offre ici la chronique d’un être aussi peu ordinaire que son destin. Après le succès des Années-sandwiches (Prix des Libraires 1982), il nous apporte à présent la saga retentissante de Vladimir Roubaïev, conspirateur et philosophe primaire, puissant donneur de claques et grand amoureux de la lune. […] Du rire énorme à la tendresse la plus profonde, Serge Lentz renoue ici avec la tradition des conteurs inspirés, de ceux qui nous gardent éveillés durant des nuits entières et dont les acteurs étonnants continuent de vivre dans nos imaginations longtemps après être allés se reposer entre les pages du livre.

[CRITIQUESLIBRES.COMVoyage dans l’Ukraine irréelle. Un vrai bonheur que ce texte de Serge Lentz, mille aventures, mille fous rires, mille expériences? portés par des mots que j’aime à lire et à relire, années après années. C’est le récit du vieux Vladimir, jalonné par une correspondance un peu folle avec un de ses petits fils, qui le trouve, à tort ou à raison, un peu fou. A-t-il vraiment vécu tout cela ? Dernier fils d’un grand propriétaire terrien dans une province reculée d’Ukraine, chaque évènement de sa vie, à commencer par sa naissance bien sûr, est sujet à légende ou à craintes populaires. Il passera par l’école de la vie, formé par la maîtresse juive de son père, un esprit libre, comme par deux mendiants qui sont les plaies du village. Puis ce sera le lycée du tsar, et dont il s’enfuit après le suicide d’un camarade, pour traverser la Russie à pied rejoindre sa sœur à Saint-Pétersbourg. Il passera aussi par le bagne de Sibérie pour insurrection politique.
Préparez-vous à éclater de rire devant les personnages et la verve de Schloïmeh Confiture et du cousin Maxime, le ridicule de Céleste Bosquet, qui lui volera son pucelage un jour de pluie… attendez-vous à quelques émotions aussi, en phase avec « cette grande saucisse (de Vladimir) qui s’ouvre à l’ivresse des symboles » en libérant des pigeons qui n’ont de cesse de revenir après dans leur cage, à son grand désespoir… Ce roman truculent ne se raconte pas. Plongez dedans et laissez-vous emporter !!


LENTZ Serge, Vladimir Roubaïev ou Les provinces de l’irréel est paru chez Robert Laffont en 1985. Depuis 1994, il est disponible chez Livre de poche en petit format.
N.B. Serge Lentz est également le traducteur de deux romans de Jim Harrison, avant que Brice Matthieussent ne prenne la relève.

FR / EAN 9782253041351 / 629 pages


Ce que nous en disons…

Jubilatoire pour ceux qui aiment jubiler. Outrancier pour ceux qui prisent l’outrance. Tendre pour ceux qui aiment les ours. Slave pour ceux qui ne savent pas ce que c’est. Profondément humain parce que ça, tout le monde peut le ressentir. Un roman qui construit son lecteur avec le sourire…

Patrick Thonart


Bonnes feuilles…

– Et moi ? demanda Vladimir. Et moi ?
Alors, la vieille diseuse de bonne aventure qui semblait être leur mère à tous, se détacha du groupe et vint lui prendre la main.
– Toi, dit-elle, tu n’es qu’un petit garçon, avec des habitudes de petits garçon. Tu grimpes aux arbres, tu déniches des œufs de rouges-gorges, tu martyrises les chats, tu te moques des infirmes et les femmes enceintes te font peur. Tu n’aimes que la pêche, les osselets et ta fronde. Tu n’es qu’un petit garçon sans importance, mais tu deviendras un homme très grand, beaucoup plus grand que les plus grands caporaux de la garde de l’empereur. Viens avec moi. […]

Vladimir Roubaïev était de taille si haute qu’il contemplait le monde à deux têtes au-dessus des autres, mais cette vue d’ensemble lui paraissait étrange et souvent déroutante. Élevé dans la solitude d’un jeune roi de Prusse, il avait appris à trouver ses vérités dans l’irréel et le fantastique, ce qui ne l’empêchait nullement d’exercer des passions bien terrestres. Il vécut près de cent ans sur sa terre d’Ukraine et laissa le souvenir d’un personnage légendaire qui tuait les sangliers à coups de poing, fracassait les portes avec sa tête, parlait le langage des chevaux et faisait l’amour aux nymphes des marais. […]

Puisque ses parents, d’abord, et son mari, ensuite, lui disaient toujours qu’elle n’ouvrait la bouche que pour dire des bêtises, elle résolut un jour de ne plus parler à personne, sauf à Dieu. Et dans la communauté, tout le monde se mit à plaindre Dieu. […]

La volupté, Fédia, la Volupté ! Il n’est rien de plus étrange et de plus indéfinissable que la volupté, à tel point qu’on ne sait plus si c’est un sentiment ou une impression. Il ne faut pas croire ce que disent les poètes et les vantards; la volupté, cela s’explique si mal qu’on serait en droit de se demander si cela existe.


L’auteur…

[LETOURNEPAGE.COM] Serge Lentz est un écrivain et journaliste français né le 15 janvier 1936 et mort le 21 décembre 2021. Il fut lauréat du prix des libraires en 1982 pour Les Années-sandwiches et du prix Interallié en 1985 pour Vladimir Roubaïev. Son dernier ouvrage paru fut La Stratégie du Bouffon couronné « meilleur roman de l’année » par le magazine Lire. Il fut membre permanent du jury du Prix Interallié. Il fut également le traducteur des premiers romans de Jim Harrison : Légendes d’automne et Sorcier.

En qualité de grand reporter, il a couvert les guerres du Congo, d’Algérie, du Viet Nam, d’Israël, du Biafra, de l’Irak, etc. En 1963, il a été le premier journaliste occidental à franchir le Mur de Bambou de manière plus ou moins clandestine pour le compte du Washington Post.

Il a été l’auteur de grandes séries de reportage pour Paris Match sur la zone du Pacifique, la Chine et sur les pôles Nord et Sud qu’il a explorés durant plusieurs mois (Grand Prix de la fondation Mumm pour la presse écrite en 1988).


[INFOS QUALITE] statut : validé| mode d’édition : partage, recension, correction et iconographie | sources : e.a. librel.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, Lentz (g) avec Jean Ferniot en 2011 © purepeople.com.


Lire encore en Wallonie-Bruxelles…